EGLISE ORTHODOXE D'ESTONIE

Chapitre

Orthodoxie

 
 
 
 
PAGE SPIRITUELLE POUR LE TEMPS DE NOEL

icône de Noël

Les anges ne disent pas simplement aux bergers qu'un Sauveur est né. Ils disent : " Il vous est né un Sauveur ", Jésus naît pour chacun des bergers. Sa nativité demeure pour chacun de nous un événement très personnel ; Jésus est un don offert à chaque homme.
Il n'y a pas de place dans l'hôtellerie ni pour Marie portant Jésus, ni pour Joseph. II n'y a pas de place dans l'hôtellerie de ce monde pour le disciple de Jésus. Si je parviens à m'y ménager une place, quelle facilité dangereuse ! Qu'y a-t-il de commun entre l'hôtellerie et la crèche ?
Un moine de l'Eglise d'Orient " Jésus "

 

Généalogie de Jésus-Christ : ainsi commence l'Evangile. cette longue liste de noms hébreux, que signifie-t-elle ? Pour les Juifs, nécessité de souligner la descendance davidique du Messie. Autre sens : dans cette lignée, il y a des meurtriers, des adultères, des incestueux. Si Jésus naît dans mon âme, il naît malgré et à travers l'accumulation de mes péchés. Jésus perce, trouve sa voie à travers mes fautes, les surmontant l'une après l'autre. C'est sa généalogie en moi. Dans cette percée resplendit sa miséricorde, sa condescendance, aussi sa force.
Marie, portant l'enfant dans son sein, et Joseph vont se faire inscrire à Bethléem. Ce n'est ni à Rome, ni à Athènes, ni à Jérusalem que Jésus a voulu naître. De même, le mystère de la Nativité de Jésus ne nous est accessible que dans la pauvre bourgade de Judée. Monter à Bethléem, devenir citoyen de Bethléem, acquérir, non obtenir, l'humble esprit de Bethléem.

 

 

 

 

 

Maintenant, il ne nous reste plus qu'à savoir comment nous pouvons faire venir le Christ dans notre maison. Nous savons qu'il ne dédaigne pas même une chaumière. Il va même chez les publicains quand ils l'appellent avec des sentiments sincères. Plus encore : il se tient à la porte et frappe, comme il le dit dans l'Apocalypse. Pour nous, il est venu dans un sein virginal et, s'étant formé un corps du sang de la Vierge, il est né d'une façon miraculeuse. Pour nous, il ne dédaigna point une crèche de bestiaux, où il voulut bien reposer enveloppé de langes. Il n'abhorrera pas non plus notre misérable hutte, si nous le prions avec humilité, car il est miséricordieux et il aime l'homme, il cède aux demandes humbles. Il s'abaissera aussi jusqu'à notre humilité ; tombons seulement à ses pieds, en imitant la sagesse des mages. Tombons aux pieds de celui qui n'est plus enveloppé de langes, mais assis sur le trône de gloire avec le Père et l'Esprit Saint. Au lieu d'or, d'encens et de myrrhe, présentons-lui une humble prière. Et puisqu'il trouve son repos dans la charité chrétienne, entourons-nous de charité, préparons-nous. En voyant notre frère affamé, donnons-lui à manger ; en voyant qu'il a soif, donnons-lui à boire ; s'il est nu, habillons-le ; s'il est voyageur sans abri, introduisons-le dans notre maison et donnons-lui l'hospitalité ; s'il est malade, visitons, consolons et servons-le ; montrons de la charité aussi envers le détenu et servons-le selon nos moyens. En un mot, aimons nos frères comme nous-mêmes.
Tikhon ZADONSKY "Ascètes russes"

SAINT BASILE, Evêque de Césarée
HOMELIE 6 CONTRE LA RICHESSE

A qui fais-je du tort ? dit l'avare, en gardant ce qui m'appartient ? " Mais quels sont, dis-le-moi, les biens qui t'appartiennent ? D'où les as-tu tirés ? Tu rassembles à un homme qui prenant place au théâtre, voudrait empêcher les autres d'entrer et entendrait jouir seul du spectacle auquel tous ont droit. Tels sont les riches : les biens communs qu'ils ont accaparés, ils s'en décrètent les maîtres, parce qu'ils en sont les premiers occupants. Si chacun ne gardait que ce qui est requis pour ses besoins courants, et que le superflu il le laissât aux indigents, la richesse et la pauvreté seraient abolies. N'es-tu pas sorti nu du sein de ta mère ? Ne retourneras-tu pas nu dans la terre ? Ces biens actuels, d'où te viennent-ils ? Si tu me réponds : " du hasard ", tu es un mécréant, car tu ne reconnais pas ton Créateur, plein d'ingratitude envers celui qui t'a pourvu. Et si tu avoues que ce sont les dons de Dieu, explique-nous la raison de ta fortune. La dois-tu à " l'injustice " de ce Dieu qui répartit inégalement les biens de la vie ? Pourquoi es-tu riche et celui-là pauvre ? N'est-ce pas uniquement pour que ta bonté et ta gestion désintéressée trouvent leur récompense, tandis que le pauvre sera gratifié des prix magnifiques promis à sa patience ?

Et toi qui enveloppes tous tes biens dans les plis d'une insatiable avarice, tu estimes ne brimer personne en privant tant de malheureux ?

Exhortation au pied de la crèche
À propos de ceux qui courent après les richesses

Celui qui aime son prochain comme soi-même ne doit posséder rien d'autre que son prochain. Plus on possède des richesses, plus on est en manque d'amour.
Je te dirai aussi autre chose. Cela te semblera très étrange et c'est pourtant ce qu'il y a de plus vrai. Plus tu dépenses tes richesses selon la volonté de Dieu, plus elles t'appartiennent. En voulant préserver ton trésor tu le perds, en le distribuant sans restriction tu ne le perds jamais.
Tu prétends qu'il t'est nécessaire d'avoir de l'argent, mais la plupart du temps tu dépasses largement les limites de l'usage dont tu as besoin.
Tu possèdes beaucoup de véhicules. II y a dans tes écuries un nombre incalculable de chevaux dont tu connais le moindre détail de leur arbre généalogique et tu en es fier comme s'il s'agissait de personnes humaines. Leurs harnais et leurs selles sont tout tissés d'argent et d'or et tu jettes sur leur dos des tapis et tu les pares comme des fiancés que l'on conduit au mariage et aussi tu possèdes tellement de mulets que tu les disposes selon la couleur de leur robe.
Lorsque enfin de compte tu n'arrives pas à dépenser tous tes biens pour assouvir toutes tes extravagances alors tu les caches en terre. Folie insensée. Lorsque l'or était naturellement caché sous terre tu cherchais à le découvrir. Maintenant que tu le tiens dans tes mains, tu fais le maximum pour l'enterrer à nouveau.
Je connais bien des gens qui jeûnent, qui prient, qui versent des larmes et qui s'adonnent sans compter à la piété. Mais ils ne montrent aucun intérêt à faire la moindre dépense pour les pauvres. A quoi sert donc toute cette vertu ? Cette espèce là ne convient pas au Royaume des Cieux.
Et que dire de toutes ces femmes qui ne laissent pas un instant leur mari souffler parce que aucune richesse ne suffit pour leur passer autour des bras toutes ces " menottes " dorées à cause de leur soif du luxe.
Tu te justifies que tu n'as pas d'argent. De ce point de vue là je suis d'accord avec toi. Pauvre est celui à qui il manque beaucoup de choses. Pourtant ce qui te manque à toi ce n'est pas ce qui t'est nécessaire par pauvreté mais plutôt tu es en manque permanent à cause de tes désirs insatiables.
Tu te justifies en disant que l'argent est nécessaire pour élever tes enfants. Encore un beau prétexte pour justifier ta vanité. En fait, tu mets en avant tes enfants pour essayer de trouver quelques justifications vis-à-vis de ta conscience. Ne rends pas responsable celui qui n'est pas responsable. Les enfants ont leur propre Père et leur propre Économe qui est Dieu... Lorsque tu demandais à Dieu de te donner des enfants et que tu quémandais auprès de Lui la paternité, est-ce que tu ajoutais aussi ces paroles : " Donne-moi des enfants pour que je viole tes commandements " au lieu de " Donne-moi des enfants pour que je puisse accéder au Royaume des Cieux ? "
Et qui te garantit que l'héritage que tu laisseras à ton fils sera bien utilisé ?
Saint Basile le Grand

2ème Homélie sur Noël
Que dire ? Comment parler ? Un tel prodige me jette dans la stupéfaction. L'Ancien des Jours est devenu petit enfant ; Celui qui siège sur le trône sublime du haut du Ciel est couché dans une mangeoire ; l'impalpable, le simple, l'incomposé, l'incorporel est touché par des mains humaines ; Celui qui délie les liens du péché est lié de bandelettes parce qu'il le veut ainsi. Il a décidé de changer la bassesse en honneur, de revêtir de gloire l'Ignominie, et de montrer que les limites de l'abaissement sont celles de la force. Voilà pourquoi Il subit mon corps : pour que je devienne capable du Verbe ; il prend ma chair et me donne son esprit ; en donnant et en prenant, il me prépare un trésor de vie. Il a pris ma chair pour me sanctifier; il me donne son esprit pour me sauver...
Aujourd'hui, l'antique lien est délié, le Diable confondu, les démons en fuite, la mort détruite, le paradis rouvert, la malédiction abolie, le péché rejeté, liée l'erreur, et la vérité revient. La parole de piété est partout répandue, elle court à travers le monde; la manière de vivre des cieux est plantée sur terre, les Anges sont en communication avec les hommes, les hommes leur parlent sans crainte aucune. Pourquoi : Dieu est venu sur terre, l'homme est introduit au ciel : c'est le grand échange...
Que dire encore ? Comment parler ? Je vois un charpentier, une crèche, un enfant, des bandelettes, une Vierge qui met au monde dans le dénuement ; tout est pauvre, tout respire la pauvreté. Mais, vois-tu, que de richesses dans cette pauvreté ! Comment, alors qu'il était riche, il s'est fait pauvre pour nous... O pauvreté, source de notre richesse !
St Jean Chrysostome

DE LA VIE EN CHRIST
Si je pouvais être bon, je donnerais en moi une place au Fils de Dieu, et le Seigneur Jésus construirait en mon âme un séjour agréable ; il l'ornerait ; il y bâtirait des murs inexpugnables et des tours élevées pour édifier en moi, si je le méritais, une demeure digne de lui et de son Père ; il ornera ainsi mon âme pour la rendre capable de sa sagesse, de sa science, de toute sa sainteté, tellement qu'il y ferait entrer avec lui Dieu le Père et qu'il y trouverait une habitation, qu'il y prendrait même la nourriture qu'il aurait préparée. Pour obtenir ces grâces, préparons en nous un cœur pur, afin que le Seigneur Jésus daigne recevoir volontiers l'hospitalité de notre cœur.
Origène (Alexandrie 185 - Césarée 253 env.)

Tropaire de NOEL (25 décembre)
Ta nativité Christ notre Dieu a fait lever sur le monde la lumière de la connaissance. En elle, en effet, ceux qui adoraient les astres, apprirent de l'étoile à vénérer en Toi le soleil de justice et à reconnaître en Toi l'Orient d'en haut. Seigneur, gloire à Toi !

Hymne liturgique
Qu'allons-nous t'offrir, ô Christ, parce que, pour nous, tu t'es fait voir sur terre comme un homme ? Chacune des créatures sorties de toi t'apporte en effet son témoignage de gratitude : les anges, leur chant ; les cieux, l'étoile ; les Mages, leurs dons ; les Pasteurs, leur admiration ; la terre, la grotte ; le désert, la crèche ; mais nous les hommes, une Mère vierge. Ô Dieu d'avant les siècles, aie pitié de nous.
Le ciel et la terre s'unissent aujourd'hui, le Christ étant né. Aujourd'hui, Dieu est venu sur terre, et l'homme est remonté aux cieux. Aujourd'hui, est contemplé dans la chair Celui qui par nature est invisible, et cela à cause de l'homme ; aussi, glorifions-Le, et chantons-Lui : " Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur terre, car ta venue l'a confirmée. Ô notre Sauveur, gloire à Toi.
La prière des Eglises de rite byzantin

" Prière "
Tu es, en vérité, Seigneur, une source sans cesse jaillissante de bonté, toi qui nous as rejetés dans ta justice et qui as eu pitié dans ta bienveillance. Tu nous as haïs et tu es réconcilié avec nous, tu nous as maudis et tu nous as bénis ; tu nous as chassés du paradis et tu nous y as ramenés ; tu nous as revêtus de modestes feuilles de figuier, l'habit de notre misère, et tu nous as jeté sur les épaules le manteau de parure ; tu as ouvert la prison et libéré les condamnés, tu nous as aspergés d'eau pure et lavés de nos souillures.
Désormais Adam n'aura plus à rougir si tu l'appelles, il n'aura plus à se cacher dans le taillis du paradis sous le poids de sa conscience. L'épée de feu ne fermera plus l'entrée du paradis pour empêcher d'entrer ceux qui s'approchent. Tout est changé en joie pour les héritiers du péché, le paradis et le ciel sont désormais ouverts à l'homme. La création terrestre et supra-terrestre autrefois divisées se sont unies dans l'amitié ; nous, les hommes, nous sommes accordée avec les anges et communions dans une même connaissance de Dieu.
Pour toutes ces raisons, chantons à Dieu le chant d'allégresse que des lèvres inspirées ont proféré un jour : " Mon âme exultera à cause du Seigneur, car il m'a revêtu des vêtements du salut, comme l'époux coiffe un turban, comme la mariée se pare de ses atours " (Isaïe 61, 10).
Celui qui pare l'épouse est naturellement le Christ, qui est, qui était, qui sera, il est béni maintenant et dans les siècles. Amen. Saint Ephrem le Syrien

(Traduction de A. Hamman, parue dans " Le Baptême ", coll. Ictys, n° 5, Paris 1962, p :165-168. Pour l'œuvre et l'homme, voir J. Daniélou, Platonisme et théologie mystique, Paris 1954).

PRIERE D'UNE PETITE FILLE
O ma Panaghia *, ton bébé
est le plus beau du monde.
Laisse-moi le tenir
un bref instant dans mes bras.
N'aie crainte, il ne me tombera pas,
je serai bien attentive.
Oh, que je le prenne un tout petit peu seulement
pour le faire jouer.
Je te le laverai, je te l'habillerai ;
dans ses cheveux dorés
un ruban je serrerai
de couleur bleue marine.
Je lui ferai un petit tour
au jardin, sous le soleil ;
Un enfant aussi lumineux,
vrai, jamais je n'en ai rencontré !
Pour cette raison, donne-le moi un tout petit peu
ton bébé que je le fasse jouer.
N'aie crainte, ma Panaghia, je ferai bien attention.

Extrait de la collection " Cerfs-volants dans le ciel "
* Le nom " Panaghia " qualifie la Vierge. Il signifie " toute Sainte ". Dans la bouche d'un chrétien orthodoxe, il est surtout porteur de tendresse, d'affection et de confiance envers la Mère de Dieu.

PRIERE AU CHRIST
O mon Christ, garde-moi éloigné des méchancetés de ce monde ; Petit Enfant dans la crèche, que je t'adore tant que je vis. Et lorsque, envoyée par Toi, la mort viendra me prendre, devant ta divine grâce, que je me tienne pareil à l'enfant.
O mon Christ, dans les tremblements et les tempêtes du monde, accorde-moi de me tenir bien droit, inébranlable et que ma raison s'identifie à la lumière du secret qui s'épanchait sous forme d'étoile tandis que pour Toi elle poussait les Mages à Bethléem.
Et donne à mes paroles et à mes actes de ressembler aux lys des champs et d'être aussi prophétiques, lumineux que ceux de la nuit des simples bergers. Tu étais alors en train de naître et eux voyaient les cieux grands ouverts qui te glorifiaient.
Kostis Palamas

" ...Et elle (Marie) enfanta son fils premier-né ! Elle l'emmaillota et le coucha dans une crèche... " (Luc 2,7)
25 décembre. La Nativité du Christ. La fête de l'Incarnation. L'événement absolu. Dieu, notre Dieu, naît de la Vierge. Au fond et au cœur de la création cosmique, la chair devient le lieu de l'incréé. Et le vrai temple sur terre, c'est désormais le corps de l'homme. " Pourquoi cet étonnement, Marie, chantons-nous aux matines de Noël ? C'est que, dit-elle, j'enfante dans le temps un Fils intemporel " et ailleurs : " Celui que nul espace ne contient, comment peut-il être contenu dans un sein et celui qui repose dans le sein paternel, comment une Mère le tient dans ses bras ? Lui seul le sait, il l'a voulu ; tel a été son suprême dessein. "
25 décembre. Dans son désir de compléter par notre humanité le monde d'en-haut, le Christ est né en deux natures, homme et Dieu. Ces choses-là ne sont pas pour nous une Révélation nouvelle. Elles nous ont été dites dès le commencement : " Dieu se fait homme, affirme Grégoire de Nazianze, et s'unit de substances contraires, la chair et l'esprit. L'esprit divinise ; la chair est divinisée Étrange union, étonnant mélange ! Il est et il vient à naître. II n'est pas créé et Il se fait créature... Il enrichit et il devient pauvre. Il prend la misère de ma chair afin de m'enrichir de sa divinité. "(1)
25 décembre. Dans la crèche où Il est couché, nous voyons Dieu anéantir pour un temps sa gloire afin que chacun de nous puisse accéder à sa divinité. La crèche ! Que de pauvreté et de détresse totale n'exprime-t-elle pas avant de devenir le lieu où les anges apparurent et que désigna l'étoile (2) ? La crèche : déjà elle nous rappelle la tombe de Jésus, qui verra la fin de sa vie et de son œuvre avant d'être le lieu de son triomphe final.
25 décembre. Ce n'est pas pour nous chrétiens une Révélation nouvelle. Mais ce qui pourrait, pour nous, redevenir nouveau, c'est l'attention spéciale que nous devrions donner à certains aspects de la vérité éternelle. Le divin Enfant emmailloté, dans la grotte de Bethléem, c'est déjà la projection vers sa passion et sa résurrection. Au milieu de tous les fastes que nous déployons pour fêter " le Noël des marchands de toutes sortes " , où plaçons-nous dans nos cœurs la grande interrogation de l'Évangile : " Mais qui d'autre que le Messie peut naître dans une tombe ? ".
25 décembre. Là où se déploie l'espérance, la vraie foi ne devrait pas connaître de repos. Tout homme qui espère en Christ ne peut plus prendre son parti de la réalité telle que notre siècle veut qu'elle soit. Pour former les " cieux nouveaux et la terre nouvelle " que nous promet le livre de l'Apocalypse (21,1), il faut planter en nous l'écharde du refus de s'installer dans la chair du présent de ce monde toujours inaccompli jusqu'au grand accomplissement de toutes les promesses de Dieu : Il prend notre chair afin de sauver l'image que nous avons reçue et que nous n'avons pas gardée à cause de la chute originelle de nos premiers parents. Autrement dit, Il prend notre chair pour à nouveau l'immortaliser.
25 décembre. Source de la Lumière qui ne s'éteint jamais pour nous les greffés en Christ par le baptême ; devenir de toute l'humanité et dont nous portons la " responsabilité de l'espérance " (1 Pierre, 3,15).
25 décembre. Avec ce jour commence pour la communauté chrétienne sa véritable mission " à cause de l'espérance et de la résurrection des morts " (Actes 23,6). C'est précisément à partir de cela, à savoir de notre inconséquence par rapport à notre vocation, que nous risquons d'être mis en accusation au sein d'une civilisation où la technique et les idéologies signifient massivement l'absence de Dieu (3).
25 décembre. Dieu nous cherche. Quelle profusion de bonté ! Elle nous fait soudain vibrer d'une plénitude où enfin est brisée notre indifférence et où, au lieu de l'aliénation sociale qui ne tend que vers une autre, bien plus radicale, la mort, nous pressentons l'éternité dans l'expérience de l'Amour, qui n'est autre que Jésus.
25 décembre. Pour nous donner le meilleur, Il se charge du pire. " Geste plus divin qu'autrefois, dit encore Grégoire de Nazianze... Quel homme de sens ne le trouverait sublime ? ". Que Sa grâce infinie vous accompagne tout au long de l'année nouvelle, vous guidant sans cesse vers la voie de toute œuvre bonne, agréable à Ses yeux. (décembre 1997)
Mgr STEPHANOS Métropolite de Tallinn et de toute l'Estonie

NOTES
(1) Grégoire de Nazianze in LE MYSTERE DE NOËL Ed. Grasset. Presses d'Aubun, Ligugé 1963 ; p. 152
(2) UNE NUEE DE TEMOINS, ouvrage collectif. Ed. du Cerf et Droguet et Ardant 1974 ; pp.34-35 et 50-51.
(3) LA LIBERTE DU CHRIST. Guy Riobé et Olivier Clément. Ed. Stock.

"Le Verbe fait chair"
Lettre de Saint Léon le Grand à Flavien

"La petitesse a été assumée par la majesté, la faiblesse par la force, l'asservissement à la mort par l'immortalité ; et pour payer la dette de notre condition humaine, la nature inaltérable s'est unie à la nature exposée à la souffrance. C'est ainsi que, pour mieux nous guérir, le seul médiateur entre Dieu et les hommes, l'homme Jésus Christ devait, d'un côté, pouvoir mourir et, de l'autre, ne pas pouvoir mourir.
C'est donc dans la nature intégrale et complète d'un vrai homme que le vrai Dieu est né, tout entier dans ce qui lui appartient, tout entier dans ce qui nous appartient. Par là nous entendons ce que le Créateur nous a donné au commencement et qu'il a assumé pour le rénover.
Car les défauts que le démon trompeur a introduits dans l'homme, et que l'homme trompé a contractés n'ont aucunement marqué le Sauveur. Aussi, bien qu'il ait accepté de partager les faiblesses humaines, n'a-t-il pas participé à nos fautes.
Il a pris la condition de l'esclave sans la souillure du péché ; il a rehaussé l'humanité sans abaisser la divinité. Par son anéantissement, lui qui était invisible s'est rendu visible, le Créateur et Seigneur de toutes choses a voulu être un mortel parmi les autres. Mais ce fut là une condescendance de sa miséricorde, non une défaite de sa puissance. Par conséquent, lui qui a fait l'homme en demeurant dans la condition de Dieu, c'est encore lui qui s'est fait homme en adoptant la condition d'esclave.
Le Fils de Dieu entre donc dans la basse région du monde qui est la nôtre, en descendant du séjour céleste sans quitter la gloire de son Père ; il est engendré selon un ordre nouveau et par une naissance nouvelle.
Selon un ordre nouveau : étant invisible par lui-même, il est devenu visible en se faisant l'un de nous ; dépassant toute limite, il a voulu être limité ; existant avant la création du temps, il a commencé à exister temporellement ; le Seigneur de l'univers a adopté la condition d'esclave en plongeant dans l'ombre la grandeur infinie de sa majesté ; le Dieu inaccessible à la souffrance n'a pas dédaigné d'être un homme capable de souffrir, et lui qui est immortel, de se soumettre aux lois de la mort.
En effet, le même qui est vrai Dieu est aussi vrai homme, et il n'y a aucun mensonge dans cette unité, puisque la bassesse de l'homme et la hauteur de la divinité se sont unies dans cet échange.
De même que Dieu n'est pas altéré par sa miséricorde, de même l'homme n'est pas anéanti par sa dignité. Chacune des deux natures agit en communion avec l'autre, mais selon ce qui lui est propre : le Verbe opère ce qui appartient au Verbe, et la chair exécute ce qui appartient à la chair.
L'un brille par ses miracles, l'autre succombe aux outrages. Et de même que le Verbe ne perd pas son égalité avec la gloire du Père, de même la chair ne déserte pas la nature de notre race humaine.
C'est un seul et même être, il faut le dire souvent, vraiment Fils de Dieu et vraiment fils d'homme. Dieu par le fait que au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Homme par le fait que le Verbe s'est fait chair et a établi sa demeure parmi nous."

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