DEUX
TEXTES A MEDITER POUR
ABORDER LE TRIODE
Lu récemment dans un journal consacré
à la jeunesse. « Deux lycéens sont restés bloqués plus
d’une heure devant la cage d’ascenseur de leur immeuble,
au 6ème étage, parce que l’un et l’autre étaient convaincus
que son voisin avait appuyé sur le bouton d’appel !
». Et de conclure : « insouciante jeunesse, qui ne prend
même plus la peine de comprendre pourquoi un ascenseur
passe et repasse devant son nez sans jamais s’arrêter
à l’étage !… »
Cet incident, plutôt banal, prête sans
doute à sourire. Mais imaginez-le transposé dans un
autre domaine, je pense ici à la vie intérieure de chacun
d’entre nous !…
Que d’occasions, en effet, ne manquons-nous
quand il s’agit d’arrêter au bon étage de notre existence
l’ascenseur de notre réalité spirituelle !
Que d’occasions manquées, chaque fois
que, par insouciance, nous perdons de vue l’essentiel
: notre participation à la vie divine par des actes
libres et volontaires, seules capables de nous contenir
dans le Christ, Lui notre Unique Nécessaire !
Que d’occasions manquées, chaque fois
que, par insouciance, nous donnons toute priorité à
nos intérêts matériels immédiats au lieu d’affirmer
que le secret suprême de l’humanité, c’est la naissance
de Dieu en l’homme, puisque Christ est devenu Homme
pour que l’homme puisse enfin découvrir son propre visage
!
Que d’occasions manquées quand, pour
« faire comme les autres », notre insouciance nous pousse
à proclamer que l’homme à lui seul peut tout connaître
de l’homme ! Sauf, bien entendu, qu’il est une personne
incomparable ; sauf, bien entendu, qu’il est « le miroir
du cœur » où se reflète le Dieu caché !
Que d’occasions manquées, chaque fois
que, par insouciance, nous nous dispersons dans d’interminables
conversations de salon qui font de notre Dieu une transcendance
abstraite alors que nous savons pertinemment que Lui
seul est le Seigneur de l’histoire, de l’évolution,
du développement humain et du renouveau continuel de
la création !
Irresponsable jeunesse clamait haut
et fort le signataire de l’article…
Ah,
au fait ! Qu’en est-il de notre propre irresponsabilité,
tandis que porteurs des dons de l’Esprit Saint, nous
nous refusons à faire l’apprentissage d’une conversion
nouvelle, d’une conversion à une autre réalité
qui nous vient d’en-haut et qui s’intériorise en nous
?
Métropolite
Stephanos de Tallinn et de toute l’Estonie
RECHERCHE
MEDICALE : LE RESPECT DE L’HOMME
L’actualité a souvent braqué ses feux
sur les scandales qui proviennent des faiblesses de
la médecine
Mais là, comme partout ailleurs, le
goût pour les nouvelles à sensation, empêche toute réflexion
réelle et profonde.
Depuis le début de son histoire, la
médecine n’a progressé que par l’observation et la vérification
expérimentale de celle-ci.
Cette constatation nous oblige d’emblée
à tempérer notre jugement, car il faut bien admettre
que nous ne pouvons exiger de la médecine contemporaine
de nous soulager vite et efficacement, sans accepter
certaines modalités de la recherche.
Cependant, ayant rappelé cela, il faut
proclamer simultanément, avec force, que toute la profession
repose sur le respect de la personne, et que rien ne
peut se faire sans l’accord libre et éclairé des personnes
ou des familles.
L’immoralité apparaît dès que l’expérimentation
se fait à l’insu des personnes et dans l’irrespect de
l’harmonie psychosomatique et spirituelle.
Cela implique que la médecine demeure
un art et que, malgré ses grandes compétences et sa
haute technicité, elle se laisse toujours façonner par
les qualités humaines qui lui sont propres. A cet égard
l’humilité et le respect absolu de l’être humain apparaissent
comme les plus essentielles.
Rien n’est plus grave qu’oublier la
noblesse, la beauté et la signification du corps et
rien ne rend plus humble que se souvenir du visage souffrant.
Toute technique risque de devenir folle
sans le secours de l’Esprit, et la folie de la médecine
est de s’enfermer dans la volupté de ses capacités et
dans la volonté de puissance.
Le malade, le comateux, le cadavre ne
sont pas la propriété du soignant. Celui-ci ne s’assume
et ne peut exister que dans une relation de service.
Comme le prêtre, le médecin est, à certains
égards, l’homme de l’Amour. C’est pourquoi, dans cette
lutte contre la douleur et la mort, il doit savoir respecter
ce qu’il ne comprend pas encore, ce qui ne lui appartient
pas et ne pourra jamais lui appartenir.
Il faudrait savoir accepter le mystère
infini de ce qui échappe à la science, même s’il nous
accable ou s’il nous interroge sur notre propre mort,
et nos propres limites.
Le regard du malade est bouleversant.
Il peut pousser la générosité médicale à ouvrir de nouvelles
voies thérapeutiques, à créer de nouvelles situations
et à entraîner des gestes à haut risque, mais il doit
toucher le cœur avant tout, et nous faire effleurer
les mystères les plus profonds de la Création. Il nous
jette dans l’océan de la foi où, seule, la certitude
de la Résurrection nous apaise et où le Christ, Vainqueur
de la Mort, nous dynamise dans notre tentative de guérison.
+P. Claude Hiffler
Retour
au sommaire