EGLISE ORTHODOXE D'ESTONIE

Chapitre

Orthodoxie

 
 
 
 

 

Dimanche 1er janvier 2017

Circoncision selon la chair de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Chris

Dimanche avant la Théophanie

Saint Basile le Grand

Tropaire, ton 1

Par toute la terre ton message s'est répandu et ta parole fut reçue dans tout l'univers ; par elle tu as enseigné les divines vérités, expliqué la nature des êtres et redressé la conduite des humains ; Père saint, Pontife au nom royal, prie le Christ notre Dieu pour le salut de nos âmes.

TON 3 ; Matines : 6è Evangile

Liturgie de St Basile

Circoncision : Epître : Col 2, 8-12 ; Evangile : Lc 2, 20-21, 40-52

Avant la Théophanie : Epître : 2 Tm 4, 5-8 ; Evangile : Mc 1, 1-8

jeudi 5 janvier 2017: Paramonie de la Théophanie

On ne célèbre pas de liturgie eucharistique, mais les heures royales

Grande bénédiction des eaux : Ep : 1Co 10, 1-4 ; Ev : Mc 1, 9-11

Vendredi 6 janvier 2017 : Sainte Théophanie

Epître :Tt 2, 11-14, 3, 4-7 ; Evangile : Mt 3, 13-17

Le sens de la fête

C'est le Baptême du Christ que l'Eglise orthodoxe célèbre le 6 janvier sous le nom d'Épiphanie ou de Théophanie. Le mot Épiphanie signifie manifestation. En Occident il a été compris surtout comme la manifestation du Christ aux nations non juives, lors de l'adoration des Mages. En Orient il s'agit plutôt de la manifestation de la Trinité, lors du Baptême du Christ. C'est pourquoi la fête s'appelle plus souvent la Théophanie, c'est à dire la manifestation de Dieu.
Les deux manifestations sont unies, bien évidemment. C'est ce que nous dit un texte de l'avant fête de la Théophanie, le 2 janvier : " Éclatante était la fête passée ( Noël), plus lumineuse encore celle qui se prépare. Alors l'étoile avait averti les Mages ( car en Orient on fête l'adoration des Mages à Noël maintenant le Père Te manifeste au monde, ô ! Seigneur... "
Une prière du 6 janvier nous dit aussi : " Dans la fête qui vient de se terminer nous T'avons vu enfant ; dans celle-ci nous Te voyons homme parfait et nous apparaissant comme Dieu parfait de Dieu parfait. "
Ainsi le Baptême du Christ est le couronnement du mystère de Noël. Le chant principal de la fête nous indique l'objet le plus important de cette célébration : " Dans Ton Baptême au Jourdain, Seigneur, s'est manifestée l'adoration due à la Trinité car la voix du Père Te rendit témoignage en Te nommant Fils bien-aimé et l'Esprit sous forme de colombe confirmait cette parole inébranlable. Toi qui T'es manifesté, ô Christ notre Dieu, et qui as illuminé le monde, gloire à Toi! "
Ce qui est manifesté lors du Baptême du Christ, c'est donc bien la Trinité puisque la voix du Père s'est fait entendre en désignant Jésus comme le Fils et que l'Esprit Saint s'est fait voir sous la forme d'une colombe. Donc les trois personnes de la Trinité se sont chacune manifestées à Jean-Baptiste. Un texte des Matines le dit clairement: " Le Père désigne comme son Bien-aimé, celui qui est sorti de son sein : Oui, dit-il, celui-ci, qui est mon Fils consubstantiel, a jailli comme la lumière du genre humain. Il est le Vivant puisqu'il est mon Verbe. Devenu mortel par sollicitude divine. "
Un autre texte nous dit que le Père affirma : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé, mon égal quant à la nature ".
La fête de la Théophanie est donc l'occasion pour nous d'actualiser notre foi sur deux points très importants : d'une part Jésus est le Fils de Dieu de même nature que le Père, et d'autre part Il est aussi vraiment homme.
Un autre aspect très intéressant de cette fête ( il y en a bien d'autres mais je ne peux pas tout dire ), c'est qu'en acceptant d'être baptisé comme s'Il était un pécheur, en descendant dans les eaux du Jourdain, Jésus sanctifie ces eaux et régénère toute la création.
Il faut savoir que pour les anciens l'eau était à la fois un élément de vie pour une raison évidente et un élément de mort. L'eau est indispensable à la vie, c'est clair pour tous. Mais aussi on se noie dans les eaux et les inondations causent de gros dégâts. Par conséquent les eaux font peur bien qu'elles soient source de vie. C'est pourquoi les Hébreux y ont vu un repaire de dragons, voire de démons.
Quand le Christ descend dans le Jourdain, Il va se revêtir des eaux comme d'un manteau et cela préfigurera déjà son ensevelissement au tombeau, donc sa mort. Mais de même que par sa Résurrection, marque de sa Divinité, Il détruira le pouvoir de la mort, de même la prière de bénédiction des eaux lue le 6 janvier dit au Christ : " Tu as écrasé les têtes des dragons qui étaient tapis dans les eaux... " Comme le dit ailleurs cette même prière : "

 

 

Aujourd'hui les flots du Jourdain sont changés en remède par la présence du Seigneur. Aujourd'hui toute la création est abreuvée d'ondes mystiques... Aujourd'hui les brumes du monde sont dissipées par la manifestation de notre Dieu... Aujourd'hui les erreurs sont redressées et la venue du Seigneur nous trace une voie de Salut ! "
Ainsi le Baptême du Christ transforme les eaux dans lesquelles Il est plongé en instrument de salut, et ce sera, après la mort et la résurrection du Seigneur, le sens du baptême chrétien. Et toute la création en bénéficie et est elle-même transfigurée.
Puissions-nous avoir les yeux du cœur assez ouverts pour en percevoir quelque chose.

Sœur IRÈNE

Monastère du Buisson Ardent (Conques sur Orbiel, France)

Tropaire

Dans ton baptême au Jourdain, Seigneur, s'est manifestée l'adoration de la Trinité. Car la voix du Père rendait témoignage, en te nommant Fils Bien-Aimé, et l'Esprit, sous forme de colombe, confirmait cette parole. Christ Dieu, qui as paru et illuminé le monde, gloire à Toi !

Stichère

Seigneur voulant accomplir ce que Tu avais établi de toute éternité, Tu as pris dans toute la création des serviteurs de ton mystère : chez les anges, Gabriel ; chez les hommes, la Vierge ; dans les cieux, l'étoile ; parmi les eaux, le Jourdain ; et en lui Tu as effacé le péché du monde. Notre Sauveur, gloire à Toi !

 

icône de la Théophanie

 

Voici les effets du baptême : effacer les péchés, réconcilier l'homme à Dieu, incorporer Dieu dans l'homme, dessiller les yeux de l'âme devant le rayon divin, bref disposer tout en vue de la vie future. Si donc nous appelons le baptême une naissance, ou le désignons par tout autre expresssion analogue, c'est à bon droit, d'autant plus qu'il fait lever dans l'âme des néophytes la connaissance de Dieu. Or, c'est en cela que consiste la véritable vie, le principe et la racine de la vie, puisque, d'une part selon l'affirmation de Notre Seigneur "La vie éternelle consiste à connaître le seul vrai Dieu et Jésus-Christ qu'Il a envoyé" et que, d'autre part, Salomon s'adressant à Dieu, dit : "Te connaître, voilà la racine de l'immortalité".

Il est donc démontré que le sacrement de baptême est le principe de la vie en Jésus-Christ, qu'il donne l'être et la vie aux hommes, qu'il dispense la vie et l'existence véritables.

Si tous ces effets ne se manifestent pas dans tous les néophytes, il ne faut pas en incriminer le sacrement : la faute en est aux individus qui ne se sont pas bien préparés à la grâce, ou bien ont dissipé le trésor.

Nicolas Cabasilas, La vie en Jésus-Christ

Dimanche 8 janvier 2017 : Dimanche après la Théophanie

Ton 4 ; Matines : 7è Evangile

Epître : Ep 4, 7-13 ; Evangile : Mt 4, 12-17

Vendredi 13 janvier 2017

St Hilaire de Poitiers et St Rémi de Reims

St Hilaire : Hb 7, 26-8,2 ; Jn 10, 9-16

St Rémi : 1Co 4,9-16 ; Mt 9, 36-10, 2, 5-8

Tropaire de St Hilaire, ton 3

Comme un des piliers de l'Orthodoxie tu soutins dans l'Eglise, l'enseignement d'Athanase, le champion de la vraie foi : proclamant toi aussi, le fils consubstantiel du père, de l'arianisme tu as préservé l'Occident. Intercède saint Hilaire, auprès de notre Dieu pour qu'Il accorde à nos âmes la grâce du salut.

Tropaire de St Rémi, ton 6

Sur la houle immense des invasions tu menas,* saint Pontife, la barque de la vraie foi ; * et, ramant toi-même, Rémi, tu portas* jusqu'au havre paisible de Dieu* parmi les nations barbares la première engendrée pour le Christ,* la fille aînée de l'Eglise en Occident ; * toi l'habile pilote, le bon pasteur, * nous te chantons comme illuminateur du peuple des Francs.

Samedi 14 janvier 2017 : Sainte Nino de Géorgie, égale aux apôtres

2Tm 2, 20-26 ; Lc 19, 37, 44

Tropaire, ton 4

Compagne de ceux qui ont servi le Verbe de Dieu, continuatrice de la prédication de saint André, illuminatrice des géorgiens, lyre de l'Esprit, sainte Nino, prie le Christ notre Dieu pour le salut de nos âmes.

St Platon, martyre et ses deux compagnons Nicholaï et Mikhaïl

TROPAIRE, ton 5

"Vénérable Père Platon, ta vie, tes oeuvres et ton enseignement ont revêtu ton épiscopat de sainteté. Ton martyre a anéanti les figures tyranniques de ce monde. Ta fidélité pour ton ami suprême, le Christ, proclame par le don volontaire de ta vie, la primauté des biens de Son Royaume sur l'éphémère des choses d'ici-bas. Aussi avec confiance, nous te prions : Intercède auprès de notre Dieu très bon pour qu'il couvre de sa protection tout le peuple de la Terre d'Estonie, qu'il fasse jaillir en nos coeurs la douceur de sa miséricorde et germer dans nos âmes la grâce de son salut."

TROPAR PIISKOPMÄRTER PLATONILE, 5 viisil

Auväärne isa Platon, Sinu elu, Su töö ja Suõpetused ehtisid Su piiskopiametit pühaduse rüüga, aga Sinu kannatamised tegid tühjaks selle maailma hirmuvalitsejate väe. Ustavusest oma kõige kallimale sõbrale Kristusele andsid Sa vabal tahteloma elu ja kuulutab seeläbi, et Tema kuningriigi headused on ülemad kui kõik kaduvad asjad.Nüüd palume meie Sind: palu meie eest armulise Jumala ees, et Ta kaitseks Eestimaad ja kogu meie rahvast, täidaks meie südamed oma hellusega ning laseks meie hingedes oma armu seemned kasvada.

Dimanche 15 janvier 2017 : 31è dimanche après la Pentecôte

Ton 6 ; Matines 9è Evangile

Epître : 1Tm I,15-17 ; Evangile : Lc 17, 12-19 et Lc 18, 18-27 (usage russe)

Lundi 16 janvier 2017 : Saint Honorat de Lérins et d'Arles

Tropaire, ton 4

Natif de la Gaule, tu rencontras la foi du Christ, puis de Grèce en Provence tu importas ce genre de vie qui par l'ascèse forge les saints ; et tu fis de ton île habitée du serpent un paradis, de Lérins un lieu de sainteté ; Père saint, pontife Honorat, en faveur de qui t'honore prie le Christ notre Dieu

Tropaire, ton 5

Ardemment dès l'enfance ayant aimé le Seigneur, tu quittas les richesses du monde et ses plaisirs pour te consacrer au Christ dans la quiétude de Lérins. Tel un fertile palmier, tu as couvert la terre des Gaules du fruit de ton témoignage sacré et tu as illuminé l'Eglise d'Arles par tes sages enseignements. Vénérable Père, saint hiérarque Honorat, nous te prions : puissent nos âmes être délivrées de leurs maux et puiser à ta source la grâce de leur salut.

Mardi 17 janvier 2017 : Saint Antoine le Grand

Tropaire, ton 4

Imitant par ta vie le zèle d'Elie et du Baptiste suivant le droit chemin, vénérable Père Antoine, tu peuplas le désert et par tes prières affermis l'univers ; prie le Christ notre Dieu de sauver nos âmes.

Kondakion, ton 2

Le tumulte de ce monde, tu l'as chassé loin de toi pour mener une vie conforme à la paix, imitant le Baptiste par tous les moyens ; c'est pourquoi, Père des Pères, avec lui, vénérable Antoine, nous te glorifions

Mercredi 18 janvier 2017

Saints Athanase et Cyrille

Tropaire, ton 3

Ayant resplendi par vos bonnes oeuvres au service de l'orthodoxie en éteignant toute doctrine erronée, vous avez remporté le trophée des vainqueurs ; et, pour avoir enrichi le monde par la foi, ornant aussi l'Eglise d'une grande splendeur, vous avez mérité de trouver le Christ, le Dieu qui nous accorde par vos prières la grâce du salut.

Samedi 21 janvier 2017 : St Maxime le Confesseur

Epître : Hb 11, 33-40 ; Lc 12, 8-12

Dimanche 22 janvier 2017, 32è dimanche après la Pentecôte

Ton 7 ; Matines : 10è Evangile

Epître : 2Co 6, 16-7, 1; Evangile : Lc 19, 1-10 ; usage russe : Mc 9, 33-43

Mardi 24 janvier 2017 : Sainte Xénia de Pétersbourg

Tropaire, ton 7

Pour avoir chéri la pauvreté du Christ, tu goûtes son immortelle table à présent ; ayant combattu la folie du monde par ta feinte folie, par l'humilité de la croix tu as reçu la force de Dieu. Toi qui a hérité le don des miracles pour secourir, intercède auprès du Christ notre Dieu pour qu'il nous délivre de tout mal par la pénitence, bienheureuse Xénia.

Mercredi 25 janvier 2017

St Grégoire le Théologien

Epître : 1 Co 12, 7-11 ; Evangile : Jn 10, 9-16

St Grégoire le théologien

Vendredi 27 janvier 2017

Translation des reliques de St Jean Chrysostome

Epître : Hb 7, 26 - 8, 2 ; Evangile : Jn 10, 9-16

Samedi 28 janvier 2017 : St Ephrem le Syrien

Ga 5, 22-6, 2 ; Mt 11, 27-30

Dimanche 29 janvier 2017 : 33è Dimanche après la Pentecôte

dimanche de Zachée

Ton 8 ; Matines 11è Evangile

Epître : 1Tm 4, 9-15 ; Evangile : Mt 15, 21-28 ; usage russe : Lc 19, 1-10

Lundi 30 janvier 2017

Synaxe des saints hiérarques Basile le Grand, Grégoire le Théologien et Jean Chrysostome

Epître : Hb 13, 7-16 ; Evangile : Mt 5, 14-19

Tropaire, ton 1

Aux trois immenses luminaires du triple Soleil divin qui ont embrasé le monde sous les rayons de leurs divins enseignements, aux fleuves mellifères de la Sagesse, qui ont irrigué, sous les flots de la divine connaissance, l'entière création, Basile le Grand, Grégoire le Théologien et l'illustre Jean au verbe d'or, nous tous, les amants de leurs paroles, réunis, chantons des hymnes en leur honneur, car ils ne cessent d'intercéder pour nous auprès de la sainte Trinité.

Homélie

Mes chers amis,
Nous voici réunis ce matin pour honorer la mémoire des trois saints et grands Docteurs de notre foi, Basile le Grand, Grégoire le Théologien et Jean Chrysostome. Plus que la perpétuation de leur souvenir, je dirai que nous nous retrouvons avec eux dans une authentique "synaxe" au sens le plus liturgique du terme.
Nous savons que l'origine de cette fête se situe au 11ème siècle et devait mettre un terme aux querelles qui divisaient alors les chrétiens de Constantinople les plus cultivés et les plus vertueux, qui cherchaient à savoir lequel des trois saints était le plus grand. Dans un songe, le métropolite Jean dit Mavropous les vit tous les trois ensemble lui dire d'une même bouche : "Nous ne formons qu'un auprès de Dieu et rien ne peut ni nous séparer ni nous diminuer l'un par rapport à l'autre car il n'y a pas de premier ou de second entre nous. Va donc dire à ceux qui en viennent aux mains à cause de nous que nous n'avons qu'un seul désir, la paix et la concorde de tout le peuple !" Il en fut donc ainsi et le métropolite choisit la date du 30 janvier, considérant que c'était le jour le plus propice puisque dans ce même mois on fête Basile le 1er de l'an, Grégoire le 25 et Chrysostome le 27.
Ainsi, par cette initiative, on signifia l'égalité et l'unité des trois Docteurs de la Foi et depuis ce jour nos icônes les représentent toujours ensemble, vêtus de leurs habits pontificaux, tenant dans une main le saint Évangile et de l'autre bénissant, unis dans un même esprit et comme formant un seul corps. Ils restent pour l'éternité l'exemple de l'idéal chrétien. Par-dessus tout ils ont réussi à concilier à la perfection non seulement l'éducation mais aussi la culture et la philosophie grecques avec la foi véritable. Bien plus, ils jouèrent un rôle majeur dans l'évolution de la vie cultuelle de notre Eglise à tel point que les Divines Liturgies que nous célébrons portent leurs noms. Et que dire des prières et des hymnes qu'ils nous ont léguées ! Telle est l'image que nous conservons d'eux : sans cesse ils nous enseignent les mystères de l'Eglise, sans cesse ils nous gardent dans ce lien de communion entre tous les membres du Corps du Christ, vivants ou endormis, sans cesse ils participent à nos actes de louange à Dieu, unissant leurs intercessions à celles de toute l'Eglise, où qu'elle soit sur terre et dans le ciel.
Mais si nous célébrons avec joie leur mémoire commune, ce n'est pas uniquement pour les honorer. C'est surtout pour nous inspirer dans notre vie et dans nos actes des enseignements qu'ils nous ont laissés. Et plus spécialement nous, chrétiens orthodoxes, qui vivons en Occident ; d'autant que nous savons bien que l'histoire ne doit pas seulement être entendue comme une grandeur purement humaine ou purement divine, mais comme cette réalité à laquelle prennent part à la fois Dieu et l'homme. D'autant aussi que, mieux que nos frères qui vivent en Orient, nous pouvons comprendre, nous qui sommes confrontés en permanence aux réalités de l'Occident, que bien plus que les différences théologiques en elles-mêmes, ce qui importe en premier de nos jours, ce sont bien les conséquences de ces différences sur la vie et sur l'action. Le moment serait donc mal venu pour nous de renoncer au spirituel, alors qu'il s'agit d'apporter à l'homme d'aujourd'hui, si souvent mis à mal, si souvent plongé dans le désespoir et dans des souffrances qui ne servent apparemment à rien, la certitude de sa transcendance et les forces intérieures indispensables à la maîtrise de la technique et de la machine. Garder le monde actuel, c'est garder son orientation et sa tendance vers le dépassement continuel jusqu'à l'incréé, jusqu'à sa finalité extrême qui est la communion avec Dieu. Garder le monde actuel, c'est garder la foi. Garder le monde actuel, qui est, nous le savons bien, en même temps en création et en corruption, c'est aussi garder le dynamisme créateur que Dieu nous a donné afin que justement nous le sauvegardions de cette même corruption.
C'est sur ce point que nous saisissons toute l'importance de la fête de ce jour : Basile, Grégoire et Jean Chrysostome nous rappellent que cette sauvegarde ne peut être accomplie que par l'intégration des réalités du monde dans l'Eglise, par leur transformation en "corps de l'Eglise".
Sa Sainteté le patriarche Bartholomée, en parlant de l'Europe, insiste sur le fait que, dans un monde "désorienté", autrement dit qui a perdu le sens de l'existence parce qu'il n'est plus capable de se reconnaître "image de Dieu" et d'aborder l'existence comme don et comme parole de Dieu, nous devons apprendre à nous "réorienter", c'est-à-dire à retrouver d'une certaine manière notre "véritable Orient intérieur". Si nous sommes convaincus que l'Eglise, comme projet divin et comme destin, est bien coextensive du monde, pourquoi n'oserions-nous pas affirmer que cette même Eglise, ainsi que le dit si bien le métropolite du Mont Liban Mgr Georges Khodr, "passionnée de son Epoux, le Christ Roi, sereine à l'égard des enfantements de l'histoire, toujours accueillante de la créativité et de la liberté, vivant humblement dans l'absolue métaphysique de la pauvreté et témoignant devant les puissances et le pouvoir" est bien ce parfum du Royaume
Plus que jamais l'homme d'aujourd'hui a besoin d'apprendre à aimer et à admirer ; plus que jamais il a besoin de cette paisible beauté "qui crée, selon Denys l'Aréopagite, toute communion" ; plus que jamais il est appelé à libérer la "parole muette du cosmos", à "nommer les vivants", à respecter, à embellir et à spiritualiser l'univers non pas en se "cosmisant" c'est-à-dire en disparaissant comme existence personnelle, mais en "personnalisant" tout le cosmos pour peu qu'il inscrive dans son savoir et dans son vouloir cette "contemplation de la gloire de Dieu cachée dans les êtres et les choses" dont ont si bien parlé nos grands spirituels et plus particulièrement les trois saints Docteurs qui font ce matin l'objet de toute notre attention. Ce que je retiens d'eux, c'est principalement ceci :
-un vrai enseignement de théologie orthodoxe devrait pouvoir nous apprendre à mettre l'homme devant "ce qui ne sert à rien mais éclaire tout" parce qu'il existe encore des réalités secrètes qu'on ne peut ni expliquer, ni acheter, mais seulement contempler ;
-un vrai enseignement de théologie orthodoxe devrait pouvoir permettre à l'homme de saisir son existence comme une célébration, comme une fête où il pourrait enfin trouver une parole, des images et des gestes de vérité même si l'histoire folle de cette fin de siècle semble sans cesse le faire taire ;
-un vrai enseignement de théologie orthodoxe devrait permettre, en ne se situant prioritairement qu'au niveau des légitimations ultimes, de faire réfléchir la société et lui rappeler sa possibilité et son sens surtout de l'amour et non pas la laisser s'enfermer dans cette fascination par la mort que désormais elle ne cesse de sécréter, engendrant par-là même en elle une sorte d'angoisse du crime contre l'autre ou contre elle-même.
Par-delà nos ritualismes, nos intégrismes et nos nationalismes à la limite du paganisme, nous autres Orthodoxes devrions pouvoir saisir, de façon plus clairvoyante, plus responsable, cette opportunité que nous offre la rencontre avec l'Occident, et notamment grâce au dialogue oecuménique, afin de sortir l'homme d'aujourd'hui de la sécheresse de son rationalisme et de la tristesse de ses positions par trop souvent unilatérales et ce, dans le but de lui rappeler que l'être humain n'est pas simplement fait de parole et de raisonnement, de pensée ou de liberté de pensée. L'être humain est, au-delà de tout, "mystère". Un mystère qui s'inscrit et se circonscrit dans un visage. Et ce visage ne peut vivre avec les autres que dans la communion née de l'amour, à l'exemple de celle des trois saints Docteurs, sans quoi il ne peut y avoir de véritable communion. Une telle vision doit nécessairement être prise en compte dans notre vécu ecclésial pour exclure toutes nos peurs qui n'ont rien de commun avec l'amour et inclure toutes les formes d'amour qui, elles, n'ont rien de commun avec la peur. Sans cette exigence, pourquoi aux yeux de nos semblables le témoignage évangélique de notre Eglise serait-il encore crédible, encore authentique ? Mais pour ce faire, il nous faut changer de mentalité afin de promouvoir le gratuit, l'inassimilable, ce qui, comme cela a déjà été dit plus haut, "ne sert à rien mais éclaire tout". Pour insister aussi sur les deux dimensions inséparables de communion et de transfiguration et ainsi, enfin, mieux comprendre que Dieu est la liberté de l'homme, c'est-à-dire Quelqu'un qui s'interpose à jamais entre le néant et nous.
Mes chers amis, ne nous leurrons pas. Notre Eglise, devant le défi de la modernité et de la mondialisation a besoin aujourd'hui d'interprètes capables de proposer une nouvelle traduction de la Parole évangélique en partant de l'homme lui-même. Cette grande responsabilité, Basile, Grégoire et Jean Chrysostome l'ont pleinement assumée à travers leur théologie. A notre tour maintenant de mettre nos pas dans les leurs, à notre tour d'oser prendre le risque de nous arracher de ce monde, quitte à le retrouver comme "buisson ardent", afin de souligner avec vigueur et courage que l'Evangile, c'est avant tout la croix et la résurrection et non pas la croisade. Amen !

Mgr STEPHANOS Métropolite de Tallinn et de toute l'Estonie
Institut Saint Serge (Paris, France), le 12 février 1999

Jeudi 2 février 2017

La Sainte Rencontre de Notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ

CHANDELEUR

Liturgie : Epître : Hb 7, 7-17 ; Evangile : Lc 2, 22-40

En ce jour, le Créateur du ciel et de la terre était porté dans les bras par le saint vieillard Siméon ; et celui-ci s'écriait dans le Saint-Esprit : "Maintenant je vais être libéré car j'ai vu mon Sauveur."

Aujourd'hui, le saint vieillard Siméon entre dans le Temple, l'esprit en joie, pour recevoir Celui qui donna la Loi à Moïse et qui l'accomplit. Moïse avait été jugé digne de voir Dieu au travers d'un nuage et de voix indistinctes, et c'est la face voilée qu'il avait convaincu les coeurs infidèles des Hébreux. Siméon, lui, porta le Verbe éternel et il découvrit la lumière des Gentils, la Croix et la Résurrection. Et Anne la prophétesse se montra pour annoncer le Sauveur libérateur d'Israël. Crions-lui : Christ notre Dieu, par la Mère de Dieu, aie pitié de nous.

La prière des Eglises de rite byzantin

"Allons, nous aussi... à la rencontre du Christ et accueillons-le, ornez votre chambre... et recevez le Christ Roi... et accueillez Marie, la porte du ciel." Ces chants de la fête de la Présentation s'appliquent aussi à notre âme. Chaque âme devrait être un temple de Dieu, où Marie apporte Jésus. Et chacun de nous, comme Siméon, devrait prendre l'enfant dans ses bras et dire au Père : "Mes yeux ont vu ton salut." La prière de Siméon, "laisse ton serviteur s'en aller en paix", ne signifie pas seulement que celui qui a vu Jésus et l'a tenu dans ses bras peut maintenant quitter cette vie, mourir en paix. Elle signifie encore pour nous que, ayant vu et touché le Sauveur, nous sommes délivrés de la servitude du péché et nous pouvons nous éloigner en paix du royaume du mal.

Un moine de l'Eglise d'Orient : "L'an de grâce du Seigneur"

Vendred 3 février 2017 : Sts Siméon le Juste et Anne la Prophétesse

Hb 9, 11-14 ; Lc 2, 25-28

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