Circoncision
selon la chair de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Chris
Dimanche
avant la Théophanie
Saint
Basile le Grand
Tropaire,
ton 1
Par
toute la terre ton message s'est répandu et
ta parole fut reçue dans tout l'univers ; par
elle tu as enseigné les divines vérités,
expliqué la nature des êtres et redressé
la conduite des humains ; Père saint, Pontife
au nom royal, prie le Christ notre Dieu pour le salut
de nos âmes.
C'est le Baptême du Christ que l'Eglise orthodoxe
célèbre le 6 janvier sous le nom d'Épiphanie
ou de Théophanie. Le mot Épiphanie signifie
manifestation. En Occident il a été
compris surtout comme la manifestation du Christ aux
nations non juives, lors de l'adoration des Mages.
En Orient il s'agit plutôt de la manifestation
de la Trinité, lors du Baptême du Christ.
C'est pourquoi la fête s'appelle plus souvent
la Théophanie, c'est à dire la manifestation
de Dieu.
Les deux manifestations sont unies, bien évidemment.
C'est ce que nous dit un texte de l'avant fête
de la Théophanie, le 2 janvier : " Éclatante
était la fête passée ( Noël),
plus lumineuse encore celle qui se prépare.
Alors l'étoile avait averti les Mages ( car
en Orient on fête l'adoration des Mages à
Noël maintenant le Père Te manifeste au
monde, ô ! Seigneur... "
Une prière du 6 janvier nous dit aussi : "
Dans la fête qui vient de se terminer nous T'avons
vu enfant ; dans celle-ci nous Te voyons homme parfait
et nous apparaissant comme Dieu parfait de Dieu parfait.
"
Ainsi le Baptême du Christ est le couronnement
du mystère de Noël. Le chant principal
de la fête nous indique l'objet le plus important
de cette célébration : " Dans Ton
Baptême au Jourdain, Seigneur, s'est manifestée
l'adoration due à la Trinité car la
voix du Père Te rendit témoignage en
Te nommant Fils bien-aimé et l'Esprit sous
forme de colombe confirmait cette parole inébranlable.
Toi qui T'es manifesté, ô Christ notre
Dieu, et qui as illuminé le monde, gloire à
Toi! "
Ce qui est manifesté lors du Baptême
du Christ, c'est donc bien la Trinité puisque
la voix du Père s'est fait entendre en désignant
Jésus comme le Fils et que l'Esprit Saint s'est
fait voir sous la forme d'une colombe. Donc les trois
personnes de la Trinité se sont chacune manifestées
à Jean-Baptiste. Un texte des Matines le dit
clairement: " Le Père désigne comme
son Bien-aimé, celui qui est sorti de son sein
: Oui, dit-il, celui-ci, qui est mon Fils consubstantiel,
a jailli comme la lumière du genre humain.
Il est le Vivant puisqu'il est mon Verbe. Devenu mortel
par sollicitude divine. "
Un autre texte nous dit que le Père affirma
: " Celui-ci est mon Fils bien-aimé, mon
égal quant à la nature ".
La fête de la Théophanie est donc l'occasion
pour nous d'actualiser notre foi sur deux points très
importants : d'une part Jésus est le Fils de
Dieu de même nature que le Père, et d'autre
part Il est aussi vraiment homme.
Un autre aspect très intéressant de
cette fête ( il y en a bien d'autres mais je
ne peux pas tout dire ), c'est qu'en acceptant d'être
baptisé comme s'Il était un pécheur,
en descendant dans les eaux du Jourdain, Jésus
sanctifie ces eaux et régénère
toute la création.
Il faut savoir que pour les anciens l'eau était
à la fois un élément de vie pour
une raison évidente et un élément
de mort. L'eau est indispensable à la vie,
c'est clair pour tous. Mais aussi on se noie dans
les eaux et les inondations causent de gros dégâts.
Par conséquent les eaux font peur bien qu'elles
soient source de vie. C'est pourquoi les Hébreux
y ont vu un repaire de dragons, voire de démons.
Quand le Christ descend dans le Jourdain, Il va se
revêtir des eaux comme d'un manteau et cela
préfigurera déjà son ensevelissement
au tombeau, donc sa mort. Mais de même que par
sa Résurrection, marque de sa Divinité,
Il détruira le pouvoir de la mort, de même
la prière de bénédiction des
eaux lue le 6 janvier dit au Christ : " Tu as
écrasé les têtes des dragons qui
étaient tapis dans les eaux... " Comme
le dit ailleurs cette même prière : "
Aujourd'hui
les flots du Jourdain sont changés en remède
par la présence du Seigneur. Aujourd'hui toute
la création est abreuvée d'ondes mystiques...
Aujourd'hui les brumes du monde sont dissipées
par la manifestation de notre Dieu... Aujourd'hui
les erreurs sont redressées et la venue du
Seigneur nous trace une voie de Salut ! "
Ainsi le Baptême du Christ transforme les eaux
dans lesquelles Il est plongé en instrument
de salut, et ce sera, après la mort et la résurrection
du Seigneur, le sens du baptême chrétien.
Et toute la création en bénéficie
et est elle-même transfigurée.
Puissions-nous avoir les yeux du cur assez ouverts
pour en percevoir quelque chose.
Sur IRÈNE
Monastère
du Buisson Ardent (Conques sur Orbiel, France)
Tropaire
Dans
ton baptême au Jourdain, Seigneur, s'est manifestée
l'adoration de la Trinité. Car la voix du Père
rendait témoignage, en te nommant Fils Bien-Aimé,
et l'Esprit, sous forme de colombe, confirmait cette
parole. Christ Dieu, qui as paru et illuminé
le monde, gloire à Toi !
Stichère
Seigneur
voulant accomplir ce que Tu avais établi de
toute éternité, Tu as pris dans toute
la création des serviteurs de ton mystère
: chez les anges, Gabriel ; chez les hommes, la Vierge
; dans les cieux, l'étoile ; parmi les eaux,
le Jourdain ; et en lui Tu as effacé le péché
du monde. Notre Sauveur, gloire à Toi !
Voici
les effets du baptême : effacer les péchés,
réconcilier l'homme à Dieu, incorporer
Dieu dans l'homme, dessiller les yeux de l'âme
devant le rayon divin, bref disposer tout en vue de
la vie future. Si donc nous appelons le baptême
une naissance, ou le désignons par tout autre
expresssion analogue, c'est à bon droit, d'autant
plus qu'il fait lever dans l'âme des néophytes
la connaissance de Dieu. Or, c'est en cela que consiste
la véritable vie, le principe et la racine
de la vie, puisque, d'une part selon l'affirmation
de Notre Seigneur "La vie éternelle consiste
à connaître le seul vrai Dieu et Jésus-Christ
qu'Il a envoyé" et que, d'autre part,
Salomon s'adressant à Dieu, dit : "Te
connaître, voilà la racine de l'immortalité".
Il
est donc démontré que le sacrement de
baptême est le principe de la vie en Jésus-Christ,
qu'il donne l'être et la vie aux hommes, qu'il
dispense la vie et l'existence véritables.
Si
tous ces effets ne se manifestent pas dans tous les
néophytes, il ne faut pas en incriminer le
sacrement : la faute en est aux individus qui ne se
sont pas bien préparés à la grâce,
ou bien ont dissipé le trésor.
Nicolas
Cabasilas, La vie en Jésus-Christ
Dimanche
8 janvier 2017 : Dimanche après la Théophanie
Ton 4
; Matines : 7è Evangile
Epître
: Ep 4, 7-13 ; Evangile : Mt 4, 12-17
Vendredi
13 janvier 2017
St
Hilaire de Poitiers et St Rémi de Reims
St Hilaire
: Hb 7, 26-8,2 ; Jn 10, 9-16
St Rémi
: 1Co 4,9-16 ; Mt 9, 36-10,
2, 5-8
Tropaire
de St Hilaire, ton 3
Comme
un des piliers de l'Orthodoxie tu soutins dans l'Eglise, l'enseignement
d'Athanase, le champion de la vraie foi : proclamant toi aussi,
le fils consubstantiel du père, de l'arianisme tu as
préservé l'Occident. Intercède saint
Hilaire, auprès de notre Dieu pour qu'Il accorde à
nos âmes la grâce du salut.
Tropaire
de St Rémi, ton 6
Sur la
houle immense des invasions tu menas,* saint Pontife, la barque
de la vraie foi ; * et, ramant toi-même, Rémi, tu portas*
jusqu'au havre paisible de Dieu* parmi les nations barbares
la première engendrée pour le Christ,* la fille aînée de l'Eglise
en Occident ; * toi l'habile pilote, le bon pasteur, * nous
te chantons comme illuminateur du peuple des Francs.
Samedi
14 janvier 2017 : Sainte
Nino de Géorgie, égale aux apôtres
2Tm 2, 20-26 ;
Lc 19, 37, 44
Tropaire,
ton 4
Compagne
de ceux qui ont servi le Verbe de Dieu, continuatrice de la prédication
de saint André, illuminatrice des géorgiens, lyre de
l'Esprit, sainte Nino, prie le Christ notre Dieu pour le salut de
nos âmes.
St
Platon, martyre et ses deux compagnons Nicholaï et Mikhaïl
TROPAIRE,
ton 5
"Vénérable
Père Platon, ta vie, tes oeuvres et ton enseignement
ont revêtu ton épiscopat de sainteté.
Ton martyre a anéanti les figures tyranniques
de ce monde. Ta fidélité pour ton ami
suprême, le Christ, proclame par le don volontaire
de ta vie, la primauté des biens de Son Royaume
sur l'éphémère des choses d'ici-bas.
Aussi avec confiance, nous te prions : Intercède
auprès de notre Dieu très bon pour qu'il
couvre de sa protection tout le peuple de la Terre d'Estonie,
qu'il fasse jaillir en nos coeurs la douceur de sa miséricorde
et germer dans nos âmes la grâce de son
salut."
TROPAR
PIISKOPMÄRTER PLATONILE, 5 viisil
Auväärne
isa Platon, Sinu elu, Su töö ja Suõpetused
ehtisid Su piiskopiametit pühaduse rüüga,
aga Sinu kannatamised tegid tühjaks selle maailma
hirmuvalitsejate väe. Ustavusest oma kõige
kallimale sõbrale Kristusele andsid Sa vabal
tahteloma elu ja kuulutab seeläbi, et Tema kuningriigi
headused on ülemad kui kõik kaduvad asjad.Nüüd
palume meie Sind: palu meie eest armulise Jumala ees,
et Ta kaitseks Eestimaad ja kogu meie rahvast, täidaks
meie südamed oma hellusega ning laseks meie hingedes
oma armu seemned kasvada.
Dimanche
15 janvier 2017 : 31è dimanche après la Pentecôte
Lundi
16 janvier 2017 : Saint
Honorat de Lérins et d'Arles
Tropaire,
ton 4
Natif de la Gaule, tu
rencontras la foi du Christ, puis de Grèce en Provence tu importas
ce genre de vie qui par l'ascèse forge les saints ; et tu fis de ton
île habitée du serpent un paradis, de Lérins un lieu de
sainteté ; Père saint, pontife Honorat, en faveur de qui t'honore
prie le Christ notre Dieu
Tropaire,
ton 5
Ardemment dès l'enfance
ayant aimé le Seigneur, tu quittas les richesses du monde et ses plaisirs
pour te consacrer au Christ dans la quiétude de Lérins. Tel
un fertile palmier, tu as couvert la terre des Gaules du fruit de ton témoignage
sacré et tu as illuminé l'Eglise d'Arles par tes sages enseignements.
Vénérable Père, saint hiérarque Honorat, nous
te prions : puissent nos âmes être délivrées de
leurs maux et puiser à ta source la grâce de leur salut.
Mardi
17 janvier 2017 : Saint Antoine le Grand
Tropaire,
ton 4
Imitant
par ta vie le zèle d'Elie et du Baptiste suivant
le droit chemin, vénérable Père
Antoine, tu peuplas le désert et par tes prières
affermis l'univers ; prie le Christ notre Dieu de
sauver nos âmes.
Kondakion,
ton 2
Le
tumulte de ce monde, tu l'as chassé loin de
toi pour mener une vie conforme à la paix,
imitant le Baptiste par tous les moyens ; c'est pourquoi,
Père des Pères, avec lui, vénérable
Antoine, nous te glorifions
Mercredi
18 janvier 2017
Saints
Athanase et Cyrille
Tropaire,
ton 3
Ayant
resplendi par vos bonnes oeuvres au service de l'orthodoxie
en éteignant toute doctrine erronée,
vous avez remporté le trophée des vainqueurs
; et, pour avoir enrichi le monde par la foi, ornant
aussi l'Eglise d'une grande splendeur, vous avez mérité
de trouver le Christ, le Dieu qui nous accorde par
vos prières la grâce du salut.
Samedi
21 janvier 2017 : St Maxime le Confesseur
Epître : Hb 11,
33-40 ; Lc 12, 8-12
Dimanche
22 janvier 2017, 32è dimanche après la Pentecôte
Mardi
24 janvier 2017 : Sainte Xénia de Pétersbourg
Tropaire,
ton 7
Pour
avoir chéri la pauvreté du Christ, tu
goûtes son immortelle table à présent
; ayant combattu la folie du monde par ta feinte folie,
par l'humilité de la croix tu as reçu
la force de Dieu. Toi qui a hérité le
don des miracles pour secourir, intercède auprès
du Christ notre Dieu pour qu'il nous délivre
de tout mal par la pénitence, bienheureuse
Xénia.
Mercredi
25 janvier 2017
St
Grégoire le Théologien
Epître
: 1 Co 12, 7-11 ; Evangile : Jn 10,
9-16
Vendredi
27 janvier 2017
Translation des reliques
de St Jean Chrysostome
Epître : Hb 7,
26 - 8, 2 ; Evangile : Jn 10, 9-16
Samedi
28 janvier 2017 : St Ephrem le Syrien
Ga
5, 22-6, 2 ; Mt 11, 27-30
Dimanche
29 janvier 2017 : 33è Dimanche après la Pentecôte
Synaxe
des saints hiérarques Basile le Grand, Grégoire
le Théologien et Jean Chrysostome
Epître : Hb 13,
7-16 ; Evangile : Mt 5, 14-19
Tropaire,
ton 1
Aux
trois immenses luminaires du triple Soleil divin qui
ont embrasé le monde sous les rayons de leurs
divins enseignements, aux fleuves mellifères
de la Sagesse, qui ont irrigué, sous les flots
de la divine connaissance, l'entière création,
Basile le Grand, Grégoire le Théologien
et l'illustre Jean au verbe d'or, nous tous, les amants
de leurs paroles, réunis, chantons des hymnes
en leur honneur, car ils ne cessent d'intercéder
pour nous auprès de la sainte Trinité.
Homélie
Mes
chers amis,
Nous voici réunis ce matin pour honorer la
mémoire des trois saints et grands Docteurs
de notre foi, Basile le Grand, Grégoire le
Théologien et Jean Chrysostome. Plus que la
perpétuation de leur souvenir, je dirai que
nous nous retrouvons avec eux dans une authentique
"synaxe" au sens le plus liturgique du terme.
Nous savons que l'origine de cette fête se situe
au 11ème siècle et devait mettre un
terme aux querelles qui divisaient alors les chrétiens
de Constantinople les plus cultivés et les
plus vertueux, qui cherchaient à savoir lequel
des trois saints était le plus grand. Dans
un songe, le métropolite Jean dit Mavropous
les vit tous les trois ensemble lui dire d'une même
bouche : "Nous ne formons qu'un auprès
de Dieu et rien ne peut ni nous séparer ni
nous diminuer l'un par rapport à l'autre car
il n'y a pas de premier ou de second entre nous. Va
donc dire à ceux qui en viennent aux mains
à cause de nous que nous n'avons qu'un seul
désir, la paix et la concorde de tout le peuple
!" Il en fut donc ainsi et le métropolite
choisit la date du 30 janvier, considérant
que c'était le jour le plus propice puisque
dans ce même mois on fête Basile le 1er
de l'an, Grégoire le 25 et Chrysostome le 27.
Ainsi, par cette initiative, on signifia l'égalité
et l'unité des trois Docteurs de la Foi et
depuis ce jour nos icônes les représentent
toujours ensemble, vêtus de leurs habits pontificaux,
tenant dans une main le saint Évangile et de
l'autre bénissant, unis dans un même
esprit et comme formant un seul corps. Ils restent
pour l'éternité l'exemple de l'idéal
chrétien. Par-dessus tout ils ont réussi
à concilier à la perfection non seulement
l'éducation mais aussi la culture et la philosophie
grecques avec la foi véritable. Bien plus,
ils jouèrent un rôle majeur dans l'évolution
de la vie cultuelle de notre Eglise à tel point
que les Divines Liturgies que nous célébrons
portent leurs noms. Et que dire des prières
et des hymnes qu'ils nous ont léguées
! Telle est l'image que nous conservons d'eux : sans
cesse ils nous enseignent les mystères de l'Eglise,
sans cesse ils nous gardent dans ce lien de communion
entre tous les membres du Corps du Christ, vivants
ou endormis, sans cesse ils participent à nos
actes de louange à Dieu, unissant leurs intercessions
à celles de toute l'Eglise, où qu'elle
soit sur terre et dans le ciel.
Mais si nous célébrons avec joie leur
mémoire commune, ce n'est pas uniquement pour
les honorer. C'est surtout pour nous inspirer dans
notre vie et dans nos actes des enseignements qu'ils
nous ont laissés. Et plus spécialement
nous, chrétiens orthodoxes, qui vivons en Occident
; d'autant que nous savons bien que l'histoire ne
doit pas seulement être entendue comme une grandeur
purement humaine ou purement divine, mais comme cette
réalité à laquelle prennent part
à la fois Dieu et l'homme. D'autant aussi que,
mieux que nos frères qui vivent en Orient,
nous pouvons comprendre, nous qui sommes confrontés
en permanence aux réalités de l'Occident,
que bien plus que les différences théologiques
en elles-mêmes, ce qui importe en premier de
nos jours, ce sont bien les conséquences de
ces différences sur la vie et sur l'action.
Le moment serait donc mal venu pour nous de renoncer
au spirituel, alors qu'il s'agit d'apporter à
l'homme d'aujourd'hui, si souvent mis à mal,
si souvent plongé dans le désespoir
et dans des souffrances qui ne servent apparemment
à rien, la certitude de sa transcendance et
les forces intérieures indispensables à
la maîtrise de la technique et de la machine.
Garder le monde actuel, c'est garder son orientation
et sa tendance vers le dépassement continuel
jusqu'à l'incréé, jusqu'à
sa finalité extrême qui est la communion
avec Dieu. Garder le monde actuel, c'est garder la
foi. Garder le monde actuel, qui est, nous le savons
bien, en même temps en création et en
corruption, c'est aussi garder le dynamisme créateur
que Dieu nous a donné afin que justement nous
le sauvegardions de cette même corruption.
C'est sur ce point que nous saisissons toute l'importance
de la fête de ce jour : Basile, Grégoire
et Jean Chrysostome nous rappellent que cette sauvegarde
ne peut être accomplie que par l'intégration
des réalités du monde dans l'Eglise,
par leur transformation en "corps de l'Eglise".
Sa Sainteté le patriarche Bartholomée,
en parlant de l'Europe, insiste sur le fait que, dans
un monde "désorienté", autrement
dit qui a perdu le sens de l'existence parce qu'il
n'est plus capable de se reconnaître "image
de Dieu" et d'aborder l'existence comme don et
comme parole de Dieu, nous devons apprendre à
nous "réorienter", c'est-à-dire
à retrouver d'une certaine manière notre
"véritable Orient intérieur".
Si nous sommes convaincus que l'Eglise, comme projet
divin et comme destin, est bien coextensive du monde,
pourquoi n'oserions-nous pas affirmer que cette même
Eglise, ainsi que le dit si bien le métropolite
du Mont Liban Mgr Georges Khodr, "passionnée
de son Epoux, le Christ Roi, sereine à l'égard
des enfantements de l'histoire, toujours accueillante
de la créativité et de la liberté,
vivant humblement dans l'absolue métaphysique
de la pauvreté et témoignant devant
les puissances et le pouvoir" est bien ce parfum
du Royaume
Plus que jamais l'homme d'aujourd'hui a besoin d'apprendre
à aimer et à admirer ; plus que jamais
il a besoin de cette paisible beauté "qui
crée, selon Denys l'Aréopagite, toute
communion" ; plus que jamais il est appelé
à libérer la "parole muette du
cosmos", à "nommer les vivants",
à respecter, à embellir et à
spiritualiser l'univers non pas en se "cosmisant"
c'est-à-dire en disparaissant comme existence
personnelle, mais en "personnalisant" tout
le cosmos pour peu qu'il inscrive dans son savoir
et dans son vouloir cette "contemplation de la
gloire de Dieu cachée dans les êtres
et les choses" dont ont si bien parlé
nos grands spirituels et plus particulièrement
les trois saints Docteurs qui font ce matin l'objet
de toute notre attention. Ce que je retiens d'eux,
c'est principalement ceci :
-un vrai enseignement de théologie orthodoxe
devrait pouvoir nous apprendre à mettre l'homme
devant "ce qui ne sert à rien mais éclaire
tout" parce qu'il existe encore des réalités
secrètes qu'on ne peut ni expliquer, ni acheter,
mais seulement contempler ;
-un vrai enseignement de théologie orthodoxe
devrait pouvoir permettre à l'homme de saisir
son existence comme une célébration,
comme une fête où il pourrait enfin trouver
une parole, des images et des gestes de vérité
même si l'histoire folle de cette fin de siècle
semble sans cesse le faire taire ;
-un vrai enseignement de théologie orthodoxe
devrait permettre, en ne se situant prioritairement
qu'au niveau des légitimations ultimes, de
faire réfléchir la société
et lui rappeler sa possibilité et son sens
surtout de l'amour et non pas la laisser s'enfermer
dans cette fascination par la mort que désormais
elle ne cesse de sécréter, engendrant
par-là même en elle une sorte d'angoisse
du crime contre l'autre ou contre elle-même.
Par-delà nos ritualismes, nos intégrismes
et nos nationalismes à la limite du paganisme,
nous autres Orthodoxes devrions pouvoir saisir, de
façon plus clairvoyante, plus responsable,
cette opportunité que nous offre la rencontre
avec l'Occident, et notamment grâce au dialogue
oecuménique, afin de sortir l'homme d'aujourd'hui
de la sécheresse de son rationalisme et de
la tristesse de ses positions par trop souvent unilatérales
et ce, dans le but de lui rappeler que l'être
humain n'est pas simplement fait de parole et de raisonnement,
de pensée ou de liberté de pensée.
L'être humain est, au-delà de tout, "mystère".
Un mystère qui s'inscrit et se circonscrit
dans un visage. Et ce visage ne peut vivre avec les
autres que dans la communion née de l'amour,
à l'exemple de celle des trois saints Docteurs,
sans quoi il ne peut y avoir de véritable communion.
Une telle vision doit nécessairement être
prise en compte dans notre vécu ecclésial
pour exclure toutes nos peurs qui n'ont rien de commun
avec l'amour et inclure toutes les formes d'amour
qui, elles, n'ont rien de commun avec la peur. Sans
cette exigence, pourquoi aux yeux de nos semblables
le témoignage évangélique de
notre Eglise serait-il encore crédible, encore
authentique ? Mais pour ce faire, il nous faut changer
de mentalité afin de promouvoir le gratuit,
l'inassimilable, ce qui, comme cela a déjà
été dit plus haut, "ne sert à
rien mais éclaire tout". Pour insister
aussi sur les deux dimensions inséparables
de communion et de transfiguration et ainsi, enfin,
mieux comprendre que Dieu est la liberté de
l'homme, c'est-à-dire Quelqu'un qui s'interpose
à jamais entre le néant et nous.
Mes chers amis, ne nous leurrons pas. Notre Eglise,
devant le défi de la modernité et de
la mondialisation a besoin aujourd'hui d'interprètes
capables de proposer une nouvelle traduction de la
Parole évangélique en partant de l'homme
lui-même. Cette grande responsabilité,
Basile, Grégoire et Jean Chrysostome l'ont
pleinement assumée à travers leur théologie.
A notre tour maintenant de mettre nos pas dans les
leurs, à notre tour d'oser prendre le risque
de nous arracher de ce monde, quitte à le retrouver
comme "buisson ardent", afin de souligner
avec vigueur et courage que l'Evangile, c'est avant
tout la croix et la résurrection et non pas
la croisade. Amen !
Mgr STEPHANOS Métropolite de Tallinn et
de toute l'Estonie
Institut Saint Serge (Paris, France), le 12 février
1999
Jeudi
2 février 2017
La
Sainte Rencontre de Notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ
En
ce jour, le Créateur du ciel et de la terre était
porté dans les bras par le saint vieillard Siméon
; et celui-ci s'écriait dans le Saint-Esprit
: "Maintenant je vais être libéré
car j'ai vu mon Sauveur."
Aujourd'hui,
le saint vieillard Siméon entre dans le Temple,
l'esprit en joie, pour recevoir Celui qui donna la Loi
à Moïse et qui l'accomplit. Moïse avait
été jugé digne de voir Dieu au
travers d'un nuage et de voix indistinctes, et c'est
la face voilée qu'il avait convaincu les coeurs
infidèles des Hébreux. Siméon,
lui, porta le Verbe éternel et il découvrit
la lumière des Gentils, la Croix et la Résurrection.
Et Anne la prophétesse se montra pour annoncer
le Sauveur libérateur d'Israël. Crions-lui
: Christ notre Dieu, par la Mère de Dieu, aie
pitié de nous.
La
prière des Eglises de rite byzantin
"Allons,
nous aussi... à la rencontre du Christ et accueillons-le,
ornez votre chambre... et recevez le Christ Roi...
et accueillez Marie, la porte du ciel." Ces chants
de la fête de la Présentation s'appliquent
aussi à notre âme. Chaque âme devrait
être un temple de Dieu, où Marie apporte
Jésus. Et chacun de nous, comme Siméon,
devrait prendre l'enfant dans ses bras et dire au
Père : "Mes yeux ont vu ton salut."
La prière de Siméon, "laisse ton
serviteur s'en aller en paix", ne signifie pas
seulement que celui qui a vu Jésus et l'a tenu
dans ses bras peut maintenant quitter cette vie, mourir
en paix. Elle signifie encore pour nous que, ayant
vu et touché le Sauveur, nous sommes délivrés
de la servitude du péché et nous pouvons
nous éloigner en paix du royaume du mal.
Un
moine de l'Eglise d'Orient : "L'an de grâce
du Seigneur"
Vendred
3 février 2017 : Sts
Siméon le Juste et Anne la Prophétesse