EGLISE ORTHODOXE D'ESTONIE

Chapitre

Orthodoxie

 
 
 
 

 

Dimanche 22 juin 2014 : 2è dimanche après la Pentecôte

Ton 1 ; Matines: 2è Evangile

du jour : Epître : Ro 2,10-16 ; Evangile :Mt 4,18-23

Mardi 24 juin 2014 : Nativité de St Jean Baptiste

du Précurseur : Epître : Ro 13, 12-14,4 ; Evangile : Lc 1, 1-25, 57-68, 76, 80

du jour : Epître :Ro 7,14-VIII,2 ; Evangile :Mt 10,9-15.

Tropaire, ton 4

Prophète et Précurseur de la venue du Christ, * nous ne pouvons te louer dignement, nous qui t'honorons avec amour : * par ta glorieuse et vénérable nativité * la stérilité d'une mère et le mutisme d'un père ont cessé, * tandis qu'est annoncée au monde l'incarnation du Fils de Dieu.

Nativité de saint Jean-Baptiste le Précurseur
Homélie prononcée le 24 juin 2001 par le P. André Borrely
recteur de la paroisse St Irénée de Marseille (France)

Le 24 juin nous célébrons la fête de la Nativité du Précurseur du Seigneur Jean-Baptiste, qu'à une certaine époque, dans l'Eglise latine, on a appelé la Noël d'été. Je vous dirai tout à l'heure pourquoi on a forgé cette expression pour désigner la fête de la naissance du Précurseur. Dans ma jeunesse, cette fête était très populaire. Son caractère festif était souligné par les feux de la Saint Jean illuminant, dans la nuit, le sommet des collines. Dans le quartier de Toulon où je suis né, le curé du Sacré-Cœur venait bénir le feu. Maintenant il n'y a plus que la fête de la musique. Si encore c'était du Mozart !

" Advint un homme envoyé d'auprès de Dieu. Il avait nom jean " (Jn 1,6), nous dit le prologue du quatrième Evangile. Saint Jean-Baptiste est le Précurseur immédiat du Messie, de l'Un de la Trinité devenu l'un des hommes, il est celui dont il est écrit : " voici : j'envoie mon messager devant ta face, il aplanira ton chemin " (Mc1, 2 ; c'est une citation de Mal 3, 1). Et, en même temps, il résume tout ce qui est derrière lui, toute l'odyssée religieuse d'Israël. Jean-Baptiste vient pour rendre témoignage : " Celui-ci vint pour témoigner de la Lumière, pour que tous crussent par son entremise. Lui n'était pas la Lumière, mais c'était pour témoigner de la Lumière " (Jn1, 7-8), nous dit encore le prologue du quatrième Evangile. Ainsi donc, Jean-Baptiste est marqué dans ses limites. Il a une vocation tout à fait hors du commun, que signifie bien le nom qui, à sa naissance, lui fut donné, nonobstant la désapprobation de toute la parenté de son père Zacharie. En effet, le nom de Jean signifie : " Yah " c'est-à-dire le Seigneur " a fait grâce ". Le message du Précurseur est essentiellement l'annonce à Israël de cet amour infini du Père céleste pour tous les hommes par l'entremise de son Fils unique-engendré devenu lui-même l'un des hommes.

Jean n'est pas le Messie. Il n'est pas l'Epoux. Il n'est que " l'Ami de l'Epoux " (cf. Jn 3, 29), celui qui marche en tête du cortège nuptial. Unique est son rôle dans l'économie de notre salut. Il est celui dont le Seigneur a pu dire qu'" il ne s'est pas éveillé parmi ceux qui sont nés de femmes de plus grand que Jean le Baptiseur " (Mt 11, 11). Il est plus grand qu'Elïe, qu'Isaïe, que Jérémie, que David, que Moïse. Il est le Prophète par excellence, au point de n'être plus qu'une Voix de Dieu, car, étymologiquement, en grec, bien avant de signifier celui qui prédit l'avenir, le " pro-phète " est essentiellement celui qui s'adresse aux hommes au nom de Dieu. Jean n'a rien prédit, il est comme le doigt de Dieu, il désigne le Messie d'Israël : " Voici l'Agneau de Dieu " (Jn 1, 36). C'est par l'entremise de Jean que les hommes ont eu accès à la Lumière divine et incréée, sereine et joyeuse du Père réverbérée sur la face de son Fils devenu l'un des hommes. Jean-Baptiste est le Témoin par excellence.

A vrai dire, Jésus n'avait pas besoin du témoignage de Jean, parce que, de toute éternité, il possédait le témoignage de son Père. Mais le témoignage du Père céleste, pour être entendu des hommes, a eu besoin d'un témoignage humain. Jean-Baptiste représente cette médiation humaine dont Dieu, en son infinie miséricorde, use envers nous pour nous mettre sur le chemin du témoignage qu'il rend à son Fils. Ce témoignage, il l'a rendu notamment au baptême dans le Jourdain, et Jean fut alors le témoin. Jean entendit la parole du Père : " Celui-ci est mon Fils, l'Aimé ", c'est-à-dire : l'unique Fils que j'ai engendré, " en qui je me plais " (Mt 3,17) ! Lui seul a entendu cette parole.

C'est pourquoi il est un homme de premier plan, comme la Mère de Dieu est, elle aussi, unique, par le fait qu'elle seule a su comment naquit son Fils, sans le concours d'un homme, qu'elle seule a pu rendre témoignage de la conception virginale de son Fils. C'est la raison pour laquelle, sur nos iconostases, les icônes de la Mère de Dieu et du Précurseur se trouvent obligatoirement à droite et à gauche de celle du Seigneur, chacune inclinée vers le Christ. Par cette disposition, l'Eglise entend signifier que Marie et Jean sont les deux Témoins par excellence sur lesquels repose notre foi, avant tout autre témoignage humain, avant même tout témoignage apostolique. Jean-Baptiste est le témoin de la Lumière. Il n'est pas lui-même la Lumière, mais c'est par son entremise que tous les chrétiens croient que Jésus de Nazareth est la Lumière du Père venu illuminer les hommes.

Mais, si privilégié qu'il soit, Jean est aussi le dernier de toute une longue suite de témoins qui vécurent sous l'Ancienne Alliance. Il est l'ultime témoin de l'Ancien Testament. En sa personne il ramasse la totalité du témoignage d'Israël. Il se situe en même temps au sommet de la première Alliance et à l'ouverture de la nouvelle.

Et j'en viens ainsi à vous expliquer le sens de l'expression " Noël d'été ". Par l'Evangile selon saint Luc, nous savons que Elisabeth, la mère de Jean, avait six mois d'avance dans la grossesse sur sa cousine Marie. La fête de la nativité du Seigneur ayant été fixée au 25 décembre, c'est-à-dire aux alentours du solstice d'hiver, la fête de la nativité du Précurseur le fut six mois plus tôt, le 24 juin, aux alentours du solstice d'été. Aux alentours, car les connaissances astronomiques des hommes de cette époque manquaient de précision, ce qui ne nuit en rien au symbolisme.

Et le symbolisme est le suivant. Jean est censé naître au moment où les jours sont les plus longs, c'est-à-dire, en réalité, au moment où ils commencent à décroître. Et Jésus est censé naître au moment où les jours sont les plus courts, c'est-à-dire lorsqu'ils recommencent à croître. En disposant ainsi les deux fêtes dans l'année liturgique, l'Eglise a voulu commenter l'admirable phrase de Jean parlant de Jésus son cousin : Lui doit croître et moi diminuer. Jean n'est le plus grand que parce qu'il a consenti à être le plus petit: il meurt avant la fondation de ce que nous appelons désormais le christianisme, avant la Transfiguration, avant les miracles opérés par Jésus, avant l'institution de l'eucharistie, le soir du Jeudi saint, avant le grand Vendredi, avant Pâques, avant la Pentecôte. C'est pourquoi je dois citer en entier la parole du Seigneur à son sujet dont je n'ai cité jusqu'ici que la première partie : " Amen, je vous dis : il ne s est pas éveillé parmi ceux qui sont nés de femmes de plus grand que Jean le Baptiseur. Mais le plus petit, dans le Royaume des deux, est plus grand que lui° (Mt 11, 11).
Cet homme doit être notre modèle. Il est celui qui éprouve de la joie à s'effacer, celui qui exulte de disparaître. Nous avons à l'imiter, tous autant que nous sommes. Il nous enseigne silencieusement qu'aimer Dieu et les autres hommes, c'est mourir, comme le grain qu'on enterre afin qu'un jour, comme dit le poète, les fruits puissent passer la promesse des fleurs. Qu'il soit conjugal, parental, amical, pastoral, communautaire, l'amour n'est vrai que s'il est consentement, dans la mort à soi-même, à ce que l'autre soit lui-même, qu'il existe dans son altérité, avec ses déterminations, à son rythme, en fonction de sa liberté, même mal employée. Jean-Baptiste nous dit que notre amour et de Dieu et des hommes doit être un amour essentiellement sacrificiel. Il nous dit que, si nous exerçons une autorité, quelle qu'elle soit, elle doit toujours apparaître comme au service de la liberté qu'elle a pour mission d'éduquer, donc de développer, de susciter et en premier lieu de respecter. C'est pourquoi, je vous ai déjà dit plusieurs fois que nous devons nous représenter l'Eglise comme le lieu où l'évêque est le serviteur du prêtre, le prêtre le serviteur du diacre, le serviteur des laïcs, et les laïcs les serviteurs de Dieu et les uns des autres. Si en te parlant je me rends compte que mes paroles te demeurent incomprises, voire incompréhensibles, qu'elles glissent sur toi sans pénétrer en toi, je n'espérerai pas te faire comprendre par des démonstrations, par des preuves intellectuelles, des raisonnements, des explications, ce qui ne se peut comprendre que par l'expérience, c'est-à-dire par l'exercice de la liberté personnelle. Tu ne comprends pas ? Tu ne veux pas comprendre ? Tu ne peux pas encore comprendre ? Je me tairai donc, sans chercher vainement à te contraindre par ma dialectique rationnelle. Il était bien le lointain mais très fidèle disciple de saint Jean-Baptiste, cet archimandrite du Mont Athos, Missaël, mort le 22 janvier 1940, qui, si un moine résistait si peu que ce fût à une directive qu'il donnait, avait coutume de répondre, sans tenir compte de sa fonction d'higoumène, sans se référer à sa dignité d'archimandrite : " Eh bien, fais comme tu veux ". Et il ne répétait plus ce qu'il avait dit une fois pour toutes. L'amour sacrificiel inspire le silence devant la liberté de l'autre, si peu qu'elle rencontre de l'opposition. Jean-Baptiste m'enseigne par sa vie que je dois aimer en acceptant que celui ou celle que j'aime soit lui ou elle et non pas moi, qu'il ou elle soit et fasse ce que je ne voudrais pas, qu'il ou elle ne soit pas et ne fasse pas ce que je voudrais. S'agissant, tout d'abord du Seigneur, et ensuite de tous nos frères, nous devons vraiment faire nôtre l'admirable phrase de Jean le Baptiste : " Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse " (Jn 3, 30).

Dimanche 29 juin 2014 : 3è dimanche après la Pentecôte

Saints, glorieux et illustres apôtres Pierre et Paul

Ton 2 ; Matines : 3è Evangile

Epître : 2Co 11, 21-12,9 ; Evangile : Mt 16, 13-19

Tropaire ton 4

Princes des Apôtres divins * et docteurs de l'univers, * intercédez auprès du Maître universel * pour qu'au monde il fasse don de la paix * et qu'à nos âmes il accorde la grâce du salut.

Vêpres des saints Pierre et Paul

Pierre, coryphée des apôtres glorieux * toi la pierre de la foi * et Paul, orateur et luminaire des saintes Églises de Dieu * devant le trône divin * intercédez auprès du Christ en faveur de nous tous. Saints disciples de Dieu * initiés et docteurs * princes des apôtres, Pierre et Paul * intercédez auprès du Créateur de l'univers * le Seigneur de gloire, en notre faveur.
De quelles hymnes fleuries * célébrerons-nous Pierre et Paul ? * Sur les ailes de la théologie * ils ont gagné les confins de l'univers * et se sont élevés jusqu'au ciel ; * à l'Évangile de justice ils ont servi de mains * leurs pieds ont cheminé * pour annoncer la parole de vérité ; * ils sont les fleuves de la Sagesse et les bras de la croix ; * par eux le Christ a brisé l'orgueil du démon, * nous accordant la grâce du salut.

Quand nous lisons les épîtres que saint Pierre et saint Paul nous ont laissées, ainsi que les textes que nous ont conservés les diverses traditions concernant leurs vies, leurs missions et leur martyr à Rome, alors nous comprenons les sentiments de profonde gratitude avec lesquels l'Eglise tout entière, en Orient et en Occident, honore leur mémoire chaque année en ce jour.
Elle honore le premier comme prince des apôtres et le second comme celui qui travailla, peina et oeuvra le plus afin que les peuples issus de la gentilité viennent au Christ et à la vraie foi.
A travers toute l'histoire de l'Eglise, attestés aussi dans l'iconographie et l'architecture des églises anciennes, ces deux coryphées des apôtres ont toujours été considérés comme les deux
piliers principaux qui soutiennent l'Eglise. Elle remercie le Seigneur Jésus-Christ pour cela : " Tu as donné, Seigneur, à Ton Église, comme pilier… la fermeté de Pierre ainsi que la sagesse de Paul. Par leur commune doctrine., Tu chasses l'erreur de ceux qui nient Dieu. Conduits par les deux ensemble, nous te chantons, ô Christ tout-puissant, sauveur de nos âmes. "
Mais en évoquant l'exemple de leurs vies personnelles, l'Eglise remercie le Christ encore une fois, car en Pierre et en Paul, nous avons des exemples classiques de ce que peut faire dans la vie d'un homme la " métanoia ", la repentance.
" Tu nous as donné comme exemple du retour des pécheurs, Tes deux Apôtres, ô Seigneur. L'un t'avait renié au moment de Ta Passion, mais il s'est amèrement repenti. L'autre s'était opposé à Ta prédication, et fut un persécuteur. Mais Tu as rendu, malgré tout cela, possible qu'ils fussent les deux premiers de la communauté de Tes amis, ô Jésus, Sauveur de nos âmes. "
En vérité, ils sont des exemples vivants et toujours actuels de la " métanoïa ", du sincère et profond retour au Christ.
Combien de nous, baptisés, ne nous reconnaissons-nous pas dans l'attitude de saint Pierre ? Nous renions Jésus-Christ presque à chaque instant de notre journée. Dans notre attitude vis-à-vis de notre prochain, dans nos paroles, dans nos regards, c'est comme si nous disions : je ne le connais pas, Jésus-Christ ? Connais pas !
Et d'un autre côté, combien ne se comportent-ils pas comme le persécuteur Paul ? Celui qui fut Saül, en ce temps-là. " J'avais vraiment cru devoir combattre par tous les moyens le nom de Jésus le Nazaréen, persécutant les chrétiens et les faisant blasphémer ! "
Mais l'amour de Jésus-Christ est plus grand que tout et dépasse tout. Je suis certain que si Judas s'était repenti comme Pierre et Paul, il serait lui aussi maintenant au nombre des apôtres.
Jésus attend de chacun de nous cette confession de saint Pierre : " Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime ". Et nous prions pour que ceux qui résistent à la Parole de Dieu soient visités par la grâce du Ressuscité et qu'ils fassent connaissance avec lui.
Que le Seigneur, dans son immense amour pour les hommes, nous conduise en ce jour sur le chemin du repentir, à sa rencontre, comme Il l'a fait pour ses deux glorieux apôtres, Pierre et Paul. Amen.
P. Andreas Fyrillas in " Une saison en Orthodoxie " Ed Cerf. Paris, 1992 ; p :180-181

Lundi 30 juin 2014

synaxe des 12 saints, glorieux et illustres apôtres

Epître : 1Co 4, 9-15 ;

Evangile : (usage grec) Mt 9, 36-10, 8 :

(usage russe) Mc 3, 13-19

Tropaire, ton 3

Les Apôtres avec les flots du Verbe Dieu, * ont irrigué la terre entièrement * et baptisé l'ensemble des croyants * au nom de l'indivise Trinité ; * par leur message ils nous ont tous illuminés, * comme les rayons de l'immortelle clarté.

Samedi 5 juillet 2014

St Athanase du Mont Athos et Invention des reliques de St Serge de Radonège

Liturgie Epître : Ga 5, 22-6, 2 ; Evangile : Lc 6, 17-23

St Athanase de l'Athos

St Serge de Radonège

Dimanche 6 juillet 2014 : 4ème dimanche après le Pentecôte

Ton 3 ; Matines : 4ème Evangile

Epître : Ro 6, 18-23 ; Evangile : Mt 8, 5-13

Mardi 8 juillet 2014 : St Mégalomartyr Procope de Césarée

Epître : Ro 15, 7-16 ; Evangile Mt 12, 38-45

Dimanche 13 juillet 2014 : 5è dimanche après la Pentecôte

Des Pères des 6 premiers conciles oecuméniques

Ton 4 ; Matines : 5è Evangile

des Pères : Epître : Hb 13, 7-16 ; Evangile : Jn 17, 1-13

Dimanche 20 juillet 2014 : 6ème dimanche après la Pentecôte

Ton 6 ; Matines : 7è Evangile

du jour : Epître : Ro 12,6-14 ; Evangile : Mt 9,1-8

St et glorieux prophète Elie le Thesbite

Elie : Epître : Jc 5, 10-20 ; Evangile : Lc 4, 22-30

Mardi 22 juillet 2014

Ste Marie-Madeleine, myrophore et égale aux apôtres

Epître : 1Co 9, 2-12 ; Evangile : Jn 20, 11-18

Vendredi 25 juillet 2014 : Dormition de Ste Anne, Mère de la Mère de Dieu

Epître : Ga 4, 22-31 ; Evangile : Lc 8, 16-21

Dimanche 27 juillet 2014 : 7è dimanche après la Pentecôte

Ton 6 ; Matines : 7è Evangile

Epître : Ro 15, 1-7 ; Evangile : Mt 9, 27-35

St mégalomartyr et médecin Pantéléimon

Epître : 2Tim 2, 1-10 ; Evangile : Jn 15, 17-16, 2

Vendredi 1er août 2014

Début du jeûne de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu et toujours Vierge Marie

Procession de la Ste Croix

Epître : 1Co 1, 18-24 ; Evangile : Jn 19, 6-11, 13-20, 25-28, 30-35

Seigneur, sauve Ton peuple et bénis Ton héritage. Accorde à Ta sainte Eglise la victoire sur les ennemis et sauve Ton peuple par Ta Croix.

(Tropaire de la Croix, ton 1)

Dimanche 3 août 2014 : 8è dimanche après la Pentecôte

Ton 7 ; Matines : 8è Evangile

Epître : 1 Co 1, 10-18 ; Evangile : Mt 14, 14-22

Mercredi 6 août 2014

Transfiguration de Notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ

Epître : 2P 1, 10-19 ; Evangile : Mt 17, 1-9

Au cours de sa vie terrestre, Jésus, nous le savons, fit beaucoup de miracles. Il en fit sur la nature ( lorsque par exemple il apaisa le lac de Tibériade ). Il en fit sur les hommes ( que de malades guéris ! ). Il en fit aussi sur Lui-même en se transfigurant sur la Montagne devant ses disciples : " soudain, nous disent les évangélistes, son visage fut aussi brillant que le soleil et ses vêtements devinrent aussi blancs que la lumière ".
Nous savons aussi qu'il prit avec lui Pierre, Jean et Jacques. Pierre parce qu'il aima beaucoup le Christ ; Jean parce qu'Il l'aimait beaucoup ; Jacques parce qu'il allait boire au même calice de la mort que le Seigneur. Il y avait aussi avec eux Moïse et Elie pour que tout doute à son sujet soit levé auprès des juifs qui avaient tendance à L'assimiler à Élie ou à Jérémie les prophètes. Il fallait que chacun puisse faire la différence : le Christ est le vrai Maître et les prophètes des serviteurs seulement. Et puis il fallait aussi que les juifs sachent qu'Il a tout pouvoir sur la vie et la mort.
C'est pourquoi il y avait Moïse, qui rappelait par sa présence ceux qui déjà étaient morts et Elie, qui restait toujours vivant dans la mémoire des juifs.
Quant à la date de cette fête, fixée par l'Eglise au 6 août, ce n'est pas sans raison non plus.
Saint Nicodème l'Hagiorite, ainsi qu'Eusèbe de Césarée et beaucoup d'autres sont convaincus que la Transfiguration eut lieu au mois de février, quarante jours avant la Passion. Mais fêter la Transfiguration en février, c'est tomber dans le temps du Grand Carême : selon les Pères de l'Église, la célébrer en ce mois ternirait son caractère grandement festif. Il fallait donc la déplacer et pas à n'importe quelle date. Et puisqu'elle précède la Crucifixion, on la plaça au 6 août, c'est à dire exactement quarante jours avant la vénération de la Croix ( 14 septembre ). Ainsi, la lumière de la Transfiguration ne vient pas pour nous couvrir de gloire mais pour nous jeter dans le feu divin à cause de nos péchés, à cause de notre arrogance et à cause de notre hypocrisie qui veut nous convaincre que nous sommes des " vrais porteurs " de lumière.
Quant à la lumière qui jaillit du visage du Christ au Mont Thabor, ce ne fut " qu'un coin du voile qui fut levé ", car jamais les Apôtres n'auraient pu supporter la lumière divine incréée : elle les aurait aveuglés ; ils n'auraient jamais pu résister à elle, car Dieu dans son essence est inaccessible. Il ne peut être participable que dans ses énergies et c'est de cela que firent l'expérience les Apôtres comme c'est le cas de tous nos saints.
Les Apôtres ont vu cette lumière d'abord avec les yeux de l'âme. Comme eux nous sommes aussi appelés à voir ce que nous ne pouvons pas voir sans la force de la lumière divine en nos cœurs. Autrement dit, il se fit un changement dans le cœur des Apôtres et c'est pour cela qu'ils virent le Changement, la Transfiguration du visage divin de Jésus.
Pour mieux saisir le sens de la fête, nous proposons à votre attention deux de nos beaux textes liturgiques qui donnent le sens de la fête ainsi qu'une belle méditation d'Elisabeth Behr-Sigel, théologienne orthodoxe vivant en France.

Tropaire, ton 7


Tu t'es tranfiguré sur la montagne, ô Christ notre Dieu, laissant tes disciples contempler ta gloire autant qu'ils le pouvaient : fais briller aussi sur les pécheurs que nous sommes ton éternelle clarté, par les prières de la Mère de Dieu, source de lumière, gloire à toi.

Kondakion, ton 7

Transfiguré sur la Montagne, Christ notre Dieu, tu as révélé à tes disciples ta gloire, autant qu'ils la pouvaient supporter. Sur nous aussi les pécheurs, fais briller ta lumière éternelle. Par l'intercession de la Mère de Dieu, toi qui donnes la Lumière, gloire à toi.

Texte liturgique

Prévoyant que dans la chair tu viendrais par l'Esprit vers les hommes en Fils unique, David l'ancêtre divin appelait de loin la création à la joie et prophétisait que le Thabor et l'Hermon se réjouiraient en ton nom. Car Sauveur tu es allé sur la montagne avec tes disciples. Tu t'es transfiguré. Tu as rendu le flamboiement de la lumière à la nature autrefois obscurcie en Adam et tu l'as transformée dans la Gloire et la splendeur de la Divinité. Nous te chantons : Créateur de l'univers, gloire à toi.

Méditation (1)


Dans la plénitude solaire de l'été, la fête de la Transfiguration célèbre la lumière de l'Amour trinitaire rayonnant de l'humanité de Jésus, et donc purifiant et illuminant l'humanité enténébrée d'Adam, notre quotidienne humanité.
La lumière du Thabor anticipe celle de la Résurrection et de la Parousie, en elle s'annonce la délivrance de la création tout entière, de sorte que " toute beauté naturelle ou humaine apparaît comme la frange de la beauté même du Christ " (2). " Tu as sanctifié l'univers par Ta lumière ", dit la liturgie byzantine, et les fidèles, en Orient, apportent alors dans les églises, pour qu'ils y soient bénis, les fruits de l'été.
De part et d'autres de Jésus, Moïse et Élie, la loi et les prophètes, les révélations annonciatrices du Sinaï et de l'Horeb. Désormais cependant, l'homme peut voir la gloire de Dieu, car elle rayonne d'un visage humain qui " resplendit comme le soleil " sans que son humanité soit consumée.
Gloire du Dieu fait homme et donc gloire de l'homme, beauté de l'image divine restaurée en Jésus, et par lui, en espérance, dans tous les hommes. Pour les moines " silencieux " ( hésychastes ) de l'Orient, l'ascension mystique, qui exige un arrachement violent à ce monde ( mais finit par l'assumer dans la prière ) culmine à la vision de la " lumière thaborique ". On ne saurait oublier pour autant qu'avec les vêtements du Christ c'est toute la culture humaine qu'atteint la lumière divine. L'humble vêtement tissé de main de femme se change en lumineux habit de noces. Mais ce sont Noces de l'Agneau immolé : la Transfiguration est inséparable de la Croix. Quand la nuée lumineuse eut disparu, les disciples " ne virent plus que Jésus seul ". Si nous savons déceler " Jésus seul " en chacun de ceux que Dieu met sur notre chemin, Jésus " en agonie jusqu'à la fin du monde " et pourtant ressuscité, la lumière de la Transfiguration ne cessera de sourdre dans notre vie quotidienne. " C'est dans la lumière de ta Face, Seigneur, que nous marcherons dans les siècles " ( Chant de la communion ).

Elisabeth BEHR-SIGEL

1. Célébrer Dieu. Univers-Media Paris 1980, pp. 158-159.
2. Un Moine de l'Église d'Orient. L'An de Grâce du Seigneur.

Dimanche 10 août 2014 : 9è dimanche après la Pentecôte

Ton 8; Matines : 9è Evangile

Du jour : Epître : 1Co 3, 9-17 ; Evangile : Mt 14, 22-34

Vendredi 15 août 2014

Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu et toujours Vierge Marie

Epître : Ph 2, 5-11 ; Evangile : Lc 10, 38-42, 11, 27-28

Tropaire de la Dormition, ton 1

Dans ton enfantement tu as gardé la virginité, * dans ta dormition tu n'as pas quitté le monde, ô Mère de Dieu : * tu as rejoint la Source de la vie, * toi qui conçus le Dieu vivant * et qui de la mort délivres nos âmes par tes prières.

Kondakion, (ton 4)

Tombeau et mort furent impuissants à retenir la Mère de Dieu, toujours vigilante dans ses intercessions, notre espérance inébranlable par sa protection. Car comme elle est la mère de la Vie, il l'a tranférée à la vie, celui qui a habité son sein toujours vierge.

C'est la dernière grande fête de l'année ecclésiastique. On sait que le cycle du temps de l'Eglise, tout en étant situé dans l'année civile, ne coïncide pas avec celle-ci. Il a son rythme propre, qui est celui de ses propres dates majeures et de sa prière, c'est-à-dire le cycle liturgique. Celui-ci va du 1er septembre au 31 août. Et l'Eglise célèbre la naissance de la Vierge en septembre et son Assomption en août. Ainsi, la division annuelle du temps ecclésial s'ouvre et s'achève par Marie, la Mère de Dieu.

Pourquoi cela ? Parce que l'Eglise voit dans la Mère de Dieu celle qu'elle appelle " l'Épouse non épousée ", à savoir : sa propre figure, son propre symbole. En effet, Dieu s'est fait homme en s'incarnant de Marie par la puissance de l'Esprit Saint. Elle a accepté l'annonce que lui faisait l'archange Gabriel et, par sa libre détermination, elle a fait naître son Fils, le Fils de Dieu, dans son corps. Or, selon la définition célèbre de saint Paul, l'Eglise est le Corps du Christ, tant le " corps mystique " que le corps physique. Et chacun des membres de l'Eglise est membre de ce corps du Christ. En outre, toujours selon saint Paul et l'enseignement traditionnel, les membres de l'Eglise et l'ensemble de celle-ci sont le Temple du Saint Esprit. Dès l'Annonciation, par sa conception, la Mère de Dieu est le réceptacle de l'Esprit et sa chair est celle de son Fils. Aussi est-il naturel qu'elle représente exactement l'Eglise. Et, en célébrant les fêtes de la Mère de Dieu, l'Eglise célèbre sa propre destinée, comme Corps du Christ et Temple du Saint Esprit. Par sa Nativité, puis par son Annonciation, la Mère de Dieu est au début de l'histoire chrétienne de l'humanité, de son histoire ecclésiale, ou de ce que la théologie appelle " l'économie du salut ".Par sa Dormition, la Mère de Dieu est à la fin de cette histoire, comme le marque le cycle liturgique. Et quand nous disons fin, nous l'entendons au sens fort comme but et finalité. En effet, la mort et l'Assomption de la Mère de Dieu constituent l'exemple éclatant de la gloire promise par Dieu à ses enfants et vécue au delà de la mort dans la vie éternelle.

Les offices de cette fête vont offrir l'image grandiose de cet événement final, dans le sens que nous avons dit, et qui est le modèle de la mort pour tout chrétien. Dans la mort et l'assomption de Marie, le Seigneur confirme la victoire qu'il a remportée sur " le dernier ennemi " du genre humain, en exaltant sa Mère aussitôt. Les offices de la Dormition auront donc surtout un accent résurrectionnel. Ils présenteront aussi une image de la transfiguration, en chantant celle qu'ils appellent " la Mère de la Lumière ", c'est à dire le Christ, qui entre dans une gloire qui surpasse celle des puissances incorporelles et célestes. Or la résurrection et la transfiguration sont comme les deux clés du christianisme : conséquences de l'incarnation du Verbe de Dieu, elles sont les oeuvres les plus prophétiques et finales de Dieu envers les hommes. Aussi pouvons nous dire que par sa Dormition (ou Assomption), la Mère de Dieu réalise la fin de l'économie du salut.

C'est pourquoi les tons de la tristesse qui accompagnent naturellement la Dormition sont atténués par rapport au ton fondamental de la joie qu'elle apporte. Il en va de même dans l'office orthodoxe des funérailles : les chants funèbres le cèdent aux hymnes et aux prières qui invoquent " le repos parmi les saints " et la résurrection. Il y a le fait de la mort, mais il y a aussitôt le fait des retrouvailles avec Dieu. Cela n'est pas rapporté par l'Ecriture, mais la Tradition l'a rendu tout à fait réel dans la conscience de l'Eglise. Marie, qui est femme et qui meurt sur terre comme tous les humains, rejoint au ciel Dieu, qui est son Fils. Elle est la représentante de l'humanité. Celle qui est traditionnellement appelée " la Nouvelle Ève " retrouve le Nouvel Adam, auquel elle a donné sa chair pour que naisse la race de ceux qui peuvent faire vivre le Christ en eux et qui sont les enfants adoptés de Dieu.

L'Eglise a fêté les grandes étapes de la vie de la Mère de Dieu : sa naissance, sa présentation au Temple, son Annonciation, la nativité de son Fils. Elle a commémoré sa présence à la crucifixion et, après la résurrection, à l'Ascension et à la Pentecôte. Elle va commémorer maintenant son passage pascal de la mort à la vie, son entrée triomphale dans le Royaume, auprès du Seigneur qui est de sa chair (et qui porte donc aussi la nôtre) et qui l'attend là depuis son Ascension.

C'est de même que l'Eglise honore et prie les saints, dont la Mère de Dieu est le modèle. Les saints sont vénérés le jour de leur comparution devant le Seigneur, c'est à dire de leur mort, le jour où ils passent du temps à l'éternité et où, comme dit la liturgie, ils " se présentent " devant le Créateur et le Sauveur, afin d'y continuer en puissance leur action de prière et d'intercession auprès de Dieu pour leurs frères vivants et défunts, et pour tout le créé. L'on peut donc dire qu'après l'Incarnation, la Transfiguration et la Résurrection du Christ, la Dormition de sa Mère fonde la sainteté humaine et la vénération des saints, parce qu'elle contribue à montrer dans les faits de l'Eglise comment le divin s'empare du créé par l'illumination spirituelle.

On sait que les fêtes mariales sont fondées sur la Tradition (sauf, évidemment, l'Annonciation). On trouve néanmoins un récit de la Dormition dans les apocryphes grecs et syriaques, et une allusion probable chez un auteur de la fin du Ile siècle. En tout cas, la fête est attestée dès la fin du 4e siècle et elle est amplement traitée du 7e au 8e siècle par des Pères comme saint André de Crète et saint Jean Damascène. Ce dernier, dans des homélies célèbres qu'il a prononcées aux lieux mêmes où Marie avait vécu et où elle était décédée, nous a décrit " autant que faire se peut, dit il, les merveilles qui se sont accomplies à l'égard de la sainte Mère de Dieu ", selon la tradition de l'Eglise de Jérusalem. La substance et parfois des phrases entières de nos hymnes liturgiques sont tirées de ces homélies. Aussi allons nous suivre saint Jean Damascène pour exposer les principaux thèmes de la fête.

Le Damascène commence par affirmer que la tradition qu'il rapporte " nous a été transmise de père en fils depuis les temps anciens ", en laissant supposer que cette tradition remonte jusqu'aux témoins même de la Dormition de la Vierge, qui étaient aussi les témoins de la Résurrection de son Fils. Et les offices de la fête insistent sur la présence des apôtres autour de Marie au moment de son passage dans l'au-delà. Mais ils n'étaient pas seuls. Les représentants et même les précurseurs de l'Eglise naissante, venus de la terre et du ciel, assistaient à l'événement. Voici comment saint Jean Damascène le décrit.

L'Occident recevra la fête plus tardivement et lui donnera un moindre développement dogmatique, mais elle y prendra une grande importance, au point d'être un jour de vacances même en notre malheureuse époque laïcisée.

" Ceux qui étaient dispersés sur toute l'étendue de la terre pour leur mission de pêcheurs d'hommes, ceux qui ramenaient les hommes des abîmes de l'erreur au festin sacré des noces spirituelles de l'Époux céleste... voici que par un ordre divin la nuée les emmenait comme un filet vers Jérusalem... et les rassemblait, comme des aigles, des extrémités de la terre... Ils étaient donc là, les témoins oculaires et les serviteurs du Verbe, pour servir aussi sa Mère... et pour puiser auprès d'elle la bénédiction. Avec eux étaient leurs compagnons et leurs successeurs... et la communauté, élue de Dieu, de tous ceux qui séjournaient à Jérusalem. Il convenait aussi que les principaux des anciens justes et prophètes se joignissent à leur escorte pour prendre part à cette garde sacrée, eux qui avaient annoncé d'avance que le Dieu Verbe devait naître de cette femme à cause de nous... L'assemblée même des anges n'était pas exclue... Ils étaient tous auprès d'elle, tandis que resplendissait la lumière de l'Esprit...

" Alors Adam et Eve, les ancêtres de notre race, s'écrièrent : Heureuse es tu, ô fille, qui as aboli pour nous la peine de la transgression !... Tu as restauré notre ancienne demeure. Nous avions fermé le Paradis, toi, tu as rouvert l'accès à l'arbre de vie... Et tout le chœur des saints joignait ses applaudissements : Tu as réalisé nos prédictions... grâce à toi, nous sommes affranchis des chaînes de la mort. Viens à nous, trésor divin et porteur de vie !... mais des paroles non moins pressantes la retenaient, celle de la multitude des saints qui l'entouraient, encore vivants dans leurs corps
Demeure avec nous, toi notre consolation.!.

" A ce moment, certains faits durent survenir... la venue du Roi vers sa Mère, pour accueillir sa sainte âme... Et elle, sans doute, dit alors : Dans tes mains, mon Fils, je remets mon esprit... quant à mes enfants bien-aimés, que tu as bien voulu appeler tes frères (cf. l'Écriture), console les toi-même de mon départ...

" Et qu'advient-il alors ? Les éléments du monde furent ébranlés... et les hymnes des anges retentirent. Quant à ceux qui se tenaient près de son corps saint et sacré... ils le touchaient, comblés à son contact de sainteté et de bénédiction... L'air, l'éther, le ciel étaient sanctifiés par la montée de l'esprit, et la terre, sanctifiée par la déposition du corps... Alors par les anges, (le Seigneur lui-même) introduit l'âme (de sa Mère) au Saint des Saints... et il l'établit près de son propre trône, à l'intérieur du voile, où le Christ lui-même, en précurseur, a pénétré corporellement. Quant au corps (de la Vierge), il est porté en procession... au lieu très saint de Gethsémani... De là, après trois jours, il est emporté dans les hauteurs vers les demeures célestes " (Homélie sur la Dormition, SC 80, Paris 196 1, pp. 134, 139-157).

Tant du point de vue de la mystique que du point de vue de la logique, il était normal que celle qui avait pu enfanter l'Immortel et l'Incorruptible ne subit pas, en mourant, la corruption de la mort. Le corps immaculé de la Vierge Mère de Dieu ne fut pas décomposé au sépulcre, il ne retourna pas en poussière selon la loi de la nature infirme et de notre réalité actuelle. Il fut transféré dans le Royaume de Dieu avant même la résurrection universelle et le Second Avènement du Christ. La liturgie glorifie " le corps auguste et saint qui a contenu pour nous le Seigneur ". En sa personne, celle " par qui nous avons été divinisés " exalte, corps et âme, les vierges, prophétiquement chantées par David, quand il disait qu'elles seraient " présentées au Roi ". Par sa pureté virginale, la Mère de Dieu justifie aussi et sanctifie la maternité. Et l'Eglise vénère Marie justement en tant que Vierge et Mère, en tant que la Femme souveraine qui " écrase la tête des dragons ", selon la promesse de Dieu (Genèse, 3,15).

Le nombre des hymnes qui chantent le corps de la Mère de Dieu fait que la Dormition est aussi une fête de la chair, de la matière dont nous sommes formés et qui est appelée à être transfigurée par la sainteté et par la résurrection, et qui a été transfigurée chez Marie. La substance du monde avait été illuminée par l'immersion du Verbe dans l'eau du Jourdain au Baptême. La chair qui allait composer le corps du Dieu homme avait été saintement fécondée par la descente du Saint Esprit à l'Annonciation. Elle manifeste à la Dormition, en la personne de la Mère de Dieu, qu'elle a retrouvé la pureté et la transparence à l'Esprit et à la Parole de Dieu, qui lui avaient été données avec l'être à la Genèse. C'est ainsi que la Vierge Marie, Mère de Dieu, est la justification et la gloire du cosmos tout entier, ainsi eu celles du " grand oeuvre " de l'homme, qui consiste à se sanctifier et à sanctifier en même temps l'univers. Le jour de la Dormition, l'Eglise remet ce creuset et cette perle qui constituent son idéal entre les mains de son Créateur. Et c'est bien pourquoi elle tient en Marie le modèle de la vie et du passage pascal de ses membres.

Tout cela, les offices de la fête le chantent. On pourrait en résumer le thème essentiel par ce texte des laudes : " Toi seule, par ton Enfant, tu as uni la terre au ciel ". Le Christ avait accompli cette union de la part de Dieu, en s'incarnant sur la terre ; et la Mère la réalise de la part de l'humanité en s'élevant corps et âme jusqu'à Dieu. C'est la réalisation par la maternité divine du " grand mystère " dont parle saint Paul dans son épître aux Éphésiens : le mystère de l'union mystique, liturgique et réelle de l'Époux et de l'Eglise, l'union du ciel et de la terre dans la Jérusalem céleste, annoncée par l'Apocalypse de Jean. Aussi, comme la Transfiguration et, naturellement, comme Pâques, la Dormition est-elle une fête essentiellement apocalyptique. Par elle, la Mère de Dieu prophétise en sa personne même ce qui va s'accomplir à la fin des temps, à savoir la réalisation de " la bonne nouvelle, valable pour l'éternité ", comme le proclame l'Apocalypse.

Aussi l'Eglise exprime-t-elle son allégresse : " Venez à cette fête, venez et formons des chœurs... Aujourd'hui en effet le ciel s'ouvre pour recevoir celle qui a enfanté Celui que tout l'univers ne peut contenir; et la terre, qui a donné la source de vie, s'orne de bénédiction et de splendeur. Les anges composent un chœur avec les apôtres en contemplant avec crainte celle qui était transportée de la vie à la vie... Vénérons-la tous et prions la : Ô Notre-Dame, n'oublie pas ta famille, nous qui célébrons avec foi ta très sainte Dormition ! " (Litie).

Constantin ANDRONIKOF
" Orthodoxie ", France Culture, 1993 publié dans SYNAXE N°39-40

Dimanche 17 août 2014 : 10è dimanche après la Pentecôte

Ton 1 ; Matines : 10è Evangile

Epître : 1Co 4, 9-16 ; Evangile : Mt 17, 14-23

Vendredi 22 août 2014

St Irénée de Lyon (anticipation)

Epître : 2Co 3, 4-11 ; Evangile : Mc 23,23-28

Tropaire, ton 1

Colonne inébranlable de l'Eglise du Christ et flambeau inextinguible de l'univers, Pasteur des Gaules, bienheureux Irénée ! Tu as lui dans le monde par le martyr et dissipé les mensonges des hérésies en démontrant la vérité. Gloire à celui qui t'a donné la force, gloire à celui qui t'a couronné, gloire à celui qui par toi nous fait miséricorde.

Kondakion, ton 2

Prédicateur de la grâce et illustre témoin de la vérité, nous t'acclamons, bienheureux Irénée ; dirige vers les chemins de la paix ceux qui s'approchent de toi et de nos fautes, par tes prières, obtiens-nous le pardon.

Dimanche 24 août 2014 : 11è dimanche après la Pentecôte

Ton 2 ; Matines : 11è Evangile

du jour : Epître : 1Co 9, 2-12 ; Evangile : Mt 18, 23-35

Mardi 26 août 2014 : St Adrien et son épouse Ste Nathalie

Icône originale du monastère de La Faurie (France)

Vendredi 29 août 2014

Décollation du St Précurseur, prophète et baptiste Jean

Epître : Ac 13, 25-32 ; Evangile : Mc 6, 14-30

Dimanche 31 août 2014 : 12è dimanche après la Pentecôte

Ton 3 ; Matines : 1er Evangile

du jour : Epître : 1Co 15,1-11 ; Evangile : Mt 19,16-26

RESSOURCES
Archives du site
Liens du Web
 
CHAPITRES
Page accueil
Orthodoxie
 
VERSIONS
Estonienne